Le cri d'alarme des communes pour assurer la sécurité des plages

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Les policiers municipaux seront aidés de CRS mais qu'à partir du 18 juillet. © PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP
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Alors que les premiers vacanciers sont déjà sur les plages, certaines communes du littoral déplorent un manque d’effectifs. 

Les shorts et bikinis ont commencé à investir les plages du littoral français depuis quelques jours. Et samedi prochain, avec le début des congés scolaires, les vacanciers seront encore plus nombreux au bord de la mer. Pourtant, plusieurs communes lancent un cri d’alerte sur le manque de moyens pour assurer la sécurité des plaisanciers cet été. Europe 1 fait le point sur la surveillance du littoral et sur les effectifs policiers mis en place pour la période estivale.

"L’Etat nous aide de moins en moins"

Au Cap d’Agde (Hérault), la plus grande station balnéaire française, le maire en a marre. "Pour la deuxième année, nous organisons les choses nous-mêmes en faisant appel aux pompiers et à des policiers municipaux", déplore le maire LR Gilles d’Ettore dans Le Figaro lundi. "L’Etat nous aide de moins en moins", s’indigne auprès d’Europe 1 un autre maire d’une commune du littoral atlantique, qui préfère garder l’anonymat. "On est obligés d’assurer la sécurité avec notre propre budget. Ça se passe bien quand vous dirigez une commune aisée. Mais quand ce n’est pas le cas, la sécurité est mal assurée et c’est gravissime", poursuit cet élu. 

Ce constat est partagé par de très nombreux maires que nous avons contactés. "L’État doit assurer la sécurité des citoyens", rappelle à Europe 1 Fabrice Werber, le directeur de la sécurité de la ville d’Hyères (Var). "Ça nous ferait plaisir d’avoir un réel coup de main, encore plus l’été où nous triplons la population de la ville avec l’afflux de touristes". Pour la plupart de ces communes, ce sont donc les policiers municipaux qui assurent la sécurité, aidés de pompiers et parfois de maîtres-nageurs civils. L’Etat, lui, n’aidera les municipalités qu’à partir du 18 juillet.

Des renforts de CRS bien tardifs 

Comme chaque année, des CRS viendront appuyer les policiers présents sur le littoral. "Dix unités de CRS seront déployées un peu partout sur les plages de France du 18 juillet au 27 août", nous assure Grégory Joron, secrétaire national Unité SGP Police-FO. Mais pourquoi ces renforts arrivent si tardivement alors que les touristes sont déjà là ? "Ils sont en permanence redéployés sur d’autres événements nationaux type Tour de France, l’Euro l’année dernière ou d’autres manifestations", précise Grégory Joron. 

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En sus de ces 10 unités de CRS qui vont quadriller tout le littoral français, 297 CRS-MNS (maîtres-nageurs sauveteurs) seront affectés sur les plages de 66 communes. Des policiers qui ont le droit, depuis une note interne du 24 juin 2016, d’être armés. Si les effectifs avaient été considérablement réduits l’année dernière (460 MNS étaient mobilisés en 2015), ils devraient rester constants cet été, selon nos informations.

Vers une absence de CRS sur les plages à l’avenir ?

Au-delà du maintien de ces effectifs cet été, les maires sont très inquiets pour le futur. "On voudrait savoir si l’Etat va supprimer à terme les CRS de nos  plages", s’interroge  Jean-François Rapin, président de l'Association nationale des élus du littoral. "Avec la diminution des effectifs et le redéploiement des unités sur des événements nationaux, on risque de se diriger vers une sécurité à deux vitesses entre les communes qui ont des moyens et celles qui sont économiquement plus limitées. Et avec la menace terroriste qui pèse actuellement sur le pays, on peut se demander si le désengagement de l’Etat est la bonne solution".



Le SOS des sauveteurs en mer

Si la sécurité pose problème sur les plages, elle est encore plus préoccupante en mer. Aux côtés des maîtres-nageurs civils, les sauveteurs en mer viennent en aide aux vacanciers tout au long de l’été. Sauf que la SNSM (Société nationale des sauveteurs en mer) pousse aujourd’hui "un cri d’alerte". "Nous manquons cruellement de visibilité sur notre modèle économique", regrette Xavier de la Gorce, président de cette association.

SNSM

La SNSM rencontre deux problèmes majeurs : la formation des sauveteurs embarqués (ceux qui sont sur les bateaux) et le renouvellement des bateaux. Encore dans toutes les mémoires des bénévoles de la SNSM : le naufrage d’une vedette toute neuve sur des rochers de La Réunion. "La personne n’avait pas été suffisamment formée", analyse aujourd’hui Xavier de la Gorce. "Heureusement, il n’y a pas eu de victime mais on ne peut plus se permettre ce genre d’incident".

Pour renforcer une institution qui fête ses 50 ans cet été, son président demande "à l’État de prendre ses responsabilités". "Il doit doubler ses aides (de 3,7 millions d’euros par an à 7)", estime Xavier de la Gorce, plutôt "confiant" sur la nouvelle équipe gouvernementale. "La SNSM fonctionne aussi grâce à des mécènes privés. Il faut encore plus de solidarité", conclut cet ancien secrétaire général de la mer qui propose également une taxe de 5 centimes par nuitée d’hôtel pour tous les vacanciers du littoral.