L'arme anti-fraudeurs des CAF traque aussi les "oubliés" des prestations

© PHILIPPE HUGUEN / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
L'arme informatique clef contre la fraude sociale peut aussi traquer ceux qui "oublient" de réclamer des prestations : parfois jusqu'à 700 euros par mois. 

Le datamining ou fouille de données, arme informatique clef contre la fraude sociale, peut aussi traquer ceux qui "oublient" de réclamer des prestations : parfois jusqu'à 700 euros par mois. C'est ce qu'a montré une expérience pilote à la Caisse d'allocations familiales de Gironde, qui sera étendue en 2018 à d'autres CAF, et en 2019 à tout le pays.

Un phénomène assez important. Quand la CAF de Gironde a téléphoné début 2017 à Sophie Foucher, chez elle à Hourtin, cette divorcée de 39 ans mère d'enfants de 4, 6 et 9 ans pensait "que la Caisse allait éventuellement me réclamer des sous, un trop perçu comme ce peut être le cas pour pas mal d'allocataires..." Mais là, non. "Ils m'ont expliqué leur démarche d'aide, on a fait le point sur mon dossier, et vu que je suis en fin de droits chômage, bientôt au RSA... je ne refuse pas d'aide, quoi". Depuis un an, Sophie perçoit donc en plus d'une aide au logement et des allocations familiales, une allocation de soutien familial (ASF) de 75,23 euros par mois à laquelle elle ignorait avoir droit. Et 75 euros dans sa situation, "c'est pas négligeable".

Au premier trimestre 2017, la CAF-Gironde, déjà en pointe sur le datamining, l'a testé pour calculer la "probabilité" de non-accès aux prestations sur un échantillon de 1.200 alllocataires (sur ses 316.000), avant de les solliciter. Et s'est vite convaincue que le phénomène était assez important pour être modélisé.

Méconnaissance des prestations. L'outil statistique, appuyé par le démarchage, a établi que 12% n'avaient pas ouvert de droits. La CAF a convaincu 27% d'entre eux (soit une quarantaine) de le faire. Avec, par foyer, un gain de 210 euros en moyenne par mois... voire jusque 787 euros, dans le cas d'un foyer monoparental avec 4 enfants, qui ne réclamait ni RSA ni ASF. Qu'est-ce qui retient ces non-accédants ? Pour la plupart, la méconnaissance de l'existence de telle ou telle prestation - "on en a plus de 30..." -, ou du fait qu'ils y sont éligibles- explique le directeur de la CAF Gironde, Christophe Chevilly. Et puis il y a les "conscients" : ceux qui savent, mais ne veulent pas. Soit parce qu'ils craignent que cela soit source de problème vis-à-vis d'un ex-conjoint, soit par refus de se sentir ou d'être perçus comme "assistés". Voire par réticence face à des démarches, pour un gain parfois minime.