Lactalis : les mesures préconisées par les parlementaires ne sont "absolument pas" rassurantes

© DAMIEN MEYER / AFP
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Anaïs Huet
La commission d'enquête parlementaire sur la contamination de laits infantiles Lactalis présente mercredi ses propositions. Des mesures qui ne satisfont pas Ségolène Nouviant, dont le fils a contracté la salmonellose après avoir bu du lait contaminé.
INTERVIEW

Fin 2017, 36 nourrissons ont été atteints de salmonellose après avoir consommé un produit pour enfant fabriqué par Lactalis. Parmi eux, Noan, six mois, est pris de violents vomissements et de diarrhées. Depuis, il va "beaucoup mieux", mais sa mère Ségolène Nouviant continue de se battre au sein de l'association des victimes du lait contaminé, pour que plus jamais de tels manquements à la sécurité sanitaire ne se produisent.

"Des mesures insignifiantes". Mercredi, la commission d'enquête parlementaire chargée de tirer les leçons de cette affaire doit présenter les pistes dégagées pour éviter que ne se répètent les cafouillages auxquels avaient donné lieu ces retraits/rappels fin 2017 et début 2018. Dans la Matinale d'Europe 1, Christian Hutin, le président de cette commission d'enquête, a dévoilé quelques unes de ces préconisations. Mais pour Ségolène Nouviant, vice-présidente de l'association des victimes, ces mesures ne sont "absolument pas" rassurantes. "Déjà, je ne comprends pas qu'il n'y ait eu que trois mesures présentées sur 49. Et ce sont des mesures insignifiantes", dénonce-t-elle sur Europe 1 mercredi midi.

Contrôler les contrôleurs. Pour éviter les problèmes sanitaires dans l'industrie agroalimentaire, "l'autocontrôle n'est pas suffisant", a déclaré Christian Hutin sur Europe 1, assurant qu'il faut "contrôler les contrôleurs, et contrôler les contrôlés". La commission va ainsi préconiser de "toucher au portefeuille" les industriels qui "ne respecteront pas une forme de déontologie et de rigueur sur les autocontrôles", selon le député, qui évoque aussi "une forme de responsabilité pénale". Il faudra également vérifier l'indépendance des contrôleurs, car "quand un laboratoire a 90% de son chiffre d'affaires qui est lié à une seule entreprise", comme ce fut le cas dans l'affaire Lactalis, "ça peut poser un problème", a-t-il expliqué.

Pour la création de postes d'agents de contrôle. Pour Ségolène Nouviant, ces propositions ne vont pas dans le bon sens. "On nous parle d'auto-contrôles alors qu'on voit que ça n'a pas suffi dans l'affaire Lactalis. On nous parle de contrôler les contrôleurs, or le problème n'a pas été les contrôleurs de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, ndlr)", martèle la mère de famille. "Pour moi, il faudrait mettre en place beaucoup plus d'agents pour beaucoup plus contrôler ces entreprises. Cette entreprise (Lactalis, ndlr) était positive à la salmonelle depuis 2005. Et on parle d'un contrôle tous les deux ans, or la dernière fois qu'elle a été contrôlée, c'était il y a 5 ans", déplore Ségolène Nouviant.

Quid de l'usage des données bancaires. Par ailleurs, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a avancé l'idée de recourir aux données bancaires des clients ayant acheté un produit faisant l'objet d'un retrait/rappel pour les alerter directement. "Ça me choque. Je ne serais pas d'accord pour qu'on utilise mes données bancaires. Il y a d'autres moyens de rappeler les clients, notamment avec les cartes de fidélité. Créer des fichiers clients plus précis et plus clairs, ce serait une meilleure idée", avance la vice-présidente de l'association.

En revanche, la mise en place d'un site Internet unique de l'État, où les producteurs et tous les distributeurs auront l'obligation de poster l'intégralité des informations nécessaires pour le consommateur, est "une bonne idée", estime Ségolène Nouviant.