La "souffrance psychologique" des ados français

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avec AFP , modifié à
SPLEEN - Un adolescent français sur deux est en "souffrance psychologique". Près d'un tiers aurait même déjà pensé au suicide. 

Le mal est profond. Selon une étude de l'Unicef publiée mardi, plus d'un tiers des 6-18 ans sont en état de "souffrance psychologique", une proportion qui augmente avec l'âge et atteint près d'un adolescent sur deux (43%) de plus de 15 ans. Pour la deuxième année consécutive, l'Unicef a mené une consultation nationale, auprès de 11.232 enfants et adolescents (les 12-18 ans représentant 62% de l'échantillon), interrogés de mars à mai 2014. Cette enquête doit être remise mardi aux Secrétaires d'Etat à la famille (Laurence Rossignol) et à la lutte contre l'exclusion (Ségolène Neuville). 

Un manque de liens. Cette enquête a aussi mis en évidence "les formes de souffrance qui résultent, non pas d'une privation d'ordre matériel, mais d'une faiblesse de liens" avec l'entourage (famille, amis, école). A partir de la proportion d'enfants et adolescents disant se sentir "tristes ou cafardeux" (40,4%), traverser des phases d'apathie (25,8%) et perdre confiance en eux (30,2%), les auteurs de l'enquête ont calculé un indice global de "souffrance psychologique". 

28% des ados ont déjà pensé au suicide. Le fait d'être une fille, la peur de l'échec scolaire et le harcèlement sur les réseaux sociaux augmentent les risques d'être affecté. Chez les 12-18 ans, 28% disent qu'il leur est "arrivé de penser au suicide" et près de 11% avoir déjà tenté de se suicider, des résultats qui doivent cependant être analysés avec prudence, souligne l'enquête. 

Les tensions familiales bien présentes. Quatre enfants ou adolescents sur dix disent avoir des relations parfois tendues avec leur père (41,4%) et avec leur mère (42,7%). Près d'un enfant ou adolescent sur deux (47,5%) vivant dans une famille monoparentale (en majorité des mères seules) expriment des tensions avec leur mère. Les tensions familiales croissent avec l'âge, le niveau de privation et l'insécurité du cadre de vie. En outre, 11% des enfants et adolescents disent qu'ils ne peuvent pas compter sur leur père, et 4,2% sur leur mère. Ils sont près de 17% à ne pas se sentir valorisés par leur père, et 10% par leur mère. A chaque fois, ce sentiment concerne plus fortement les filles.

L'école aussi pointée du doigt. L'école est aussi source de difficultés relationnelles et d'angoisse : plus d'un tiers des enfants et adolescents (34,3%) dit avoir été harcelé ou ennuyé par des camarades, et près d'un quart (24%) s'y sent en insécurité par rapport à des adultes. Plus de 45% se disent vraiment angoissés de ne pas réussir assez bien à l'école, proportion qui augmente pour les enfants et adolescents défavorisés.