La sénatrice Nathalie Goulet prévoit "un pic de radicalisation" dans les prisons

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A.D
La sénatrice de l'Orne, impliquée sur la question pénitentiaire, réclame plus que jamais des moyens pour les prisons, en sécurité et en formation.

Vendredi soir, au douzième jour de grève des surveillants de prisons, le syndicat majoritaire Ufap Unsa Justice a annoncé qu'il signerait le projet d'accord proposé par la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, à l'inverse de FO et de la CGT. Nathalie Goulet, sénatrice UDI de l'Orne était l'invitée de l'émission C'est arrivé cette semaine pour faire un état des lieux de ce milieu pénitentiaire en crise.

"Besoin de sécurité et de formation". A plusieurs reprises, la sénatrice a visité les surveillants pénitentiaires et a publié en début de semaine un plaidoyer sur le Huffington Post pour réclamer des moyens pour les prisons. "Quand il y a un accord, on est toujours sur la bonne voie", débute-t-elle. Mais elle rappelle que le budget Justice est "souvent sacrifié. Là, il va falloir consacrer des moyens en formation, et pour les prisons." L'accord proposé prévoit justement une revalorisation indemnitaire, des recrutements et des matériels de sécurité. "Le besoin de sécurité et de formation n'est pas du tout une revendication nouvelle. A la prison de Condé (sur le département de la sénatrice, ndlr.), vous avez des personnels jeunes, pas forcément formés et pas en mesure d'être confrontés à des détenus qui n'ont rien à perdre. C'est normal que les personnels soient aujourd'hui en crise parce que cela fait très longtemps qu'on met la poussière sous le tapis."

Entendu sur europe1 :
On a quand même l'impression que les détenus ont plus de droits que leurs personnels

"Il faut penser au droit des personnels". Les mesures sont, selon elle, un bon début mais elle préconise une véritable réflexion, plus large sur les prisons. "Il y a d'abord un problème de reconnaissance de statut. La profession n'attire pas. Pourtant, ils font un métier indispensable à notre société. A la lecture de plusieurs articles, on a quand même l'impression que les détenus ont plus de droits que leurs personnels. Et cette équation-là est difficile pour les personnels. Bien sûr, les détenus ont des droits, mais il faut aussi penser aux droits des personnels pénitentiaires et à leur protection."

"Un pic de radicalisation". Et dans ce conteste déjà explosif, les prisons doivent plus que jamais faire face au problème des détenus radicalisés. "On va créer des quartier d'évaluation de la radicalisation dans un certain nombre de prisons avec une formation encore une fois qui est très réduite", regrette-t-elle. "Il va falloir aussi des travaux de façon à limiter les déplacements de ces détenus radicalisés qui sont quand même un peu contagieux. Ce sont des gens qui vont arriver de Syrie ou d'ailleurs et qui vont facilement passer pour des caïds." La sénatrice avertit : "Vous allez aussi avoir un pic de radicalisation."

Plan Marshall. C'est pour ces raisons qu'il faut selon elle un 'plan Marshall' : "il faut qu'on ait un vrai débat sur la politique pénitentiaire que l'on veut. La ministre est une femme de dialogue (...) La radicalisation en prison a préexisté à Daech. Pour ceux qui reviennent, la sénatrice préconise l'isolement avant d'évaluer le degré de dangerosité. "On parle d'une centaine de personnes pour l'instant. Ces quartiers d'évaluation, destinés à la radicalisation, sont des solutions", indique-telle, avant de marteler une nouvelle fois : "à condition de mettre les moyens en sécurité".