La Scientologie condamnée mais pas suspendue

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Le tribunal a condamné mardi les deux principales structures françaises de la Scientologie à une amende de 600.000 euros.

L’Eglise de Scientologie pourra bel et bien continuer ses activités.C’est ce qu’a décidé le tribunal correctionnel de Paris mardi, dans un jugement très attendu.

Reconnues coupable d'"escroquerie en bande organisée", les deux principales structures françaises de l'organisation ont été condamnées à une amende totale de 600.000 euros. Des peines de prison avec sursis allant de dix mois à deux ans ont par ailleurs été prononcées contre quatre responsables français de la Scientologie. Alain Rosenberg, considéré par le tribunal comme "le dirigeant de fait" de l'organisation, a été condamné à deux ans de prison avec sursis et 30.000 euros d'amende. L'organisation a d'ores et déjà annoncé qu'elle faisait appel du jugement.

Les méthodes de la Scientologie sont considérées comme délictuelles. Mais,contre l’avis du parquet qui avait requis, le 15 juin, la dissolution des deux structures, les juges ont estimé qu'une "très forte amende" était "plus opportune" qu'une interdiction pure et simple des activités de l'Association spirituelle de l'Eglise de Scientologie-Celebrity Centre et de sa librairie SEL. "L'interdiction d'exercer risquerait d'engendrer une poursuite de l'activité hors du cadre légal", a estimé la présidente de la 12e chambre.

La dissolution de l'organisation ne pouvait pas être prononcée par les juges. En effet, une modification législative intervenue le 12 mai, mais passée inaperçue jusqu'en septembre, empêche la dissolution d’une secte pour escroquerie. Cette information avait provoqué un tollé général, les détracteurs de la Scientologie accusant l'organisation d'avoir "infiltré" l'Assemblée nationale, voire même la Chancellerie. Le Parlement avait rétabli mi-septembre par un amendement au Sénat cette possibilité de dissolution.

Considéré comme une religion aux Etats-Unis, le mouvement fondé en 1954 par l'écrivain américain de science-fiction Ron Hubbard a été classé parmi les sectes, en France, dans un rapport parlementaire de 1995. L'organisation, qui revendique 12 millions d'adeptes dans le monde et 45.000 dans l'Hexagone, fonde son action sur la dianétique, une "science" qui permettrait d'accéder au bonheur en se purifiant des éléments mentaux négatifs, notamment grâce à un appareil électrique appelé électromètre.