La "Madoff de Touraine" condamnée à trois ans de prison ferme

La "Madoff de Touraine" a surtout escroqué ses proches, sa famille et ses voisins.
La "Madoff de Touraine" a surtout escroqué ses proches, sa famille et ses voisins. © ALAIN JOCARD / AFP
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avec AFP , modifié à
La "Madoff de Touraine" a été condamnée jeudi à trois ans de prison ferme pour avoir escroqué une soixantaine de personnes entre 1995 et 2011, de plusieurs millions d'euros. 

Sylviane Gigi, 58 ans, surnommée "la Madoff de Touraine" pour avoir escroqué une soixantaine de personnes de plus de quatre millions d'euros entre 1995 et 2011, a été condamnée jeudi à quatre ans de prison, dont un avec sursis, par le tribunal correctionnel de Tours. Le tribunal a écarté toute "altération" du jugement de l'accusée, évoquant "trait pour trait un profil d'escroc". Il n'a pas retenu l'excuse de la maladie, une bipolarité avancée par la défense, confirmée par une expertise et reprise par l'accusation qui n'avait demandé que 3 ans avec sursis.

Elle pourrait échapper à l'incarcération. La prévenue a été condamnée à quatre ans de prison, dont un avec sursis, et à indemniser les victimes pour plusieurs centaines de milliers d'euros. Une soixantaine de victimes s'étaient constituées partie civile. Selon l'accusation, Sylviane Gigi avait mis sur pied une vaste escroquerie de type pyramidal semblable à celle pratiquée par l'escroc new-yorkais Bernard Madoff. Sylviane Gigi, souffrante, sans emploi, était absente au prononcé du jugement. Selon son avocat, Me Philippe Ottavy, la prévenue pourrait échapper à une incarcération, du fait qu'elle a passé huit mois en détention préventive. Aucune décision d'appel n'est donc encore prise.

Ancienne employée de banque. Sylviane Gigi, conseillère municipale de Benais, un village de Touraine, était poursuivie pour escroquerie, exercice illégal de la profession de banquier ainsi que pour faux et usage de faux. Lors de son procès en mai, l'audience avait permis d'expliquer l'escroquerie montée par cette ancienne employée de banque dont l'aplomb inspirait confiance et à qui ses premiers "clients" présentaient d'autres personnes intéressées par ses "placements" financiers. Un second dossier avait été joint aux plaintes des victimes, monté par les organismes de crédit auprès desquels la prévenue avait ouvert une cinquantaine de dossiers pour, avait-elle expliqué, rembourser ses créanciers.

Une somme détournée encore imprécise. Se présentant comme conseillère en placements financiers, elle proposait des placements fictifs à des taux mirobolants, jusqu'à 20%, puis versait les premiers intérêts avec les capitaux investis par ses derniers clients. Elle recueillait des versements entre 300 et 200.000 euros. Le chef d'escroquerie avancé par son fils qui lui reprochait de l'avoir berné à hauteur de 233.000 euros, n'a pas été reçu par le tribunal, ce délit n'étant pas admis en famille. D'autres proches, des membres de sa famille, des voisins, se comptent aussi parmi les victimes. Le montant des sommes détournées par Sylviane Gigi fait encore l'objet de discussions malgré 8 ans d'instruction, certaines parties civiles ayant été remboursées de sommes supérieures à leurs versements.

Leurs avocats, dont Mes Guillaume Bardon et Antoine Brillatz se sont dits satisfaits du jugement tout en se montrant réservés quant aux sommes que la prévenue devra rembourser aux victimes. Selon son avocat, Sylviane Gigi, qui ne perçoit qu'une pension d'adulte handicapée, en est incapable.