La journée sans voiture peut-elle devenir une habitude à Paris ?

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Les Champs Elysées le jour de la journée sans voiture, le 27 septembre 2015. © THOMAS SAMSON / AFP
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A QUAND LA PROCHAINE ? - Le 27 septembre dernier, la "journée sans voiture" organisée à Paris a permis de réduire considérablement la pollution. 

Les Champs-Elysées sans aucune voiture et les quais de Seine ouverts uniquement aux piétons, c'est l'image qu'on retient de la première "journée sans voiture", organisée le dimanche 27 septembre à Paris. Dix jours après cette opération, Europe 1 tire un premier bilan et tente déjà une projection.

ACTE I : UNE PREMIÈRE RÉUSSIE

Tous les dimanches du mois de septembre ont vu des niveaux de pollution relativement faibles grâce notamment à de bonnes conditions météorologiques (le vent a favorisé la dispersion de la pollution, ndlr). Un seul dimanche (le 20, ndlr) a échappé à cette faible pollution (voir ci-dessous).

Si la pollution a été faible sur les dimanches de septembre, "la journée sans voiture a encore amélioré la qualité de l'air", affirme Karine Léger, adjointe au directeur d'Airparif, l'association de surveillance de la qualité de l’air à Paris. Selon les mesures d'Airparif, les niveaux de dioxyde d’azote de la ville ont baissé de 40% dans les quartiers concernés par l'opération sans voiture de Paris. Sur les Champs-Elysées, la pollution a baissé d’un tiers. Le long de la Seine, elle a baissé de 40%. Dans le reste de la ville, on a relevé des niveaux de pollution inférieurs de 20% à la normale.

Si la première "journée sans voiture" a été un franc succès dans la capitale pour réduire la pollution, les Parisiens ont aussi connu une journée plus paisible concernant les nuisances sonores. L'association Bruitparif a placé cinq stations fixes (rue de Rivoli, boulevard de Sébastopol, quai rive gauche Anatole France, avenue des Champs-Elysées et place Saint Michel) pour mesurer les niveaux sonores dans la capitale. Et là aussi, les résultats sont probants : une baisse moyenne de 3 dB a été constatée sur la période 11h-18h. 

ACTE II : UNE VOLONTÉ POLITIQUE

Vingt-quatre heures à peine après la "première journée sans voiture", la maire de Paris s'est félicitée du succès de cette opération. Chiffres à l'appui, Anne Hidalgo s'est gargarisée de la meilleure qualité de l'air et des nuisances sonores plus faibles. Et pour mieux surfer sur ce succès, elle a annoncé deux jours plus tard que Paris reconduirait cette opération en 2016.

Dans un autre tweet, la maire de Paris a même envisagé "une périodicité mensuelle" pour ces journées sans voiture.  Et ce n'est pas son adjoint en charge des transports qui la contredira. "Ça a été un véritable succès populaire, les gens ont profité d'une agréable journée", nous confie Christophe Nadjovski. "On souhaite désormais proposer aux communes voisines de Paris de nous accompagner dans cette démarche", poursuit-il.

ACTE III : ET LE PASSAGE A L'ACTE ?

Hidalgo l'a annoncé, la journée sans voiture sera bien reconduite en 2016. Mais quand ? Incapable de donner une date précise, Christophe Nadjovski nous assure qu'une telle opération "prend beaucoup de temps à mettre en place". "Il faut d'abord tirer les enseignements de cette première journée pour pouvoir la reproduire à plus grande échelle".

"A Paris, ça peut très bien devenir une habitude à court terme", se mouille Hervé Marchal, sociologue urbain. "Toutefois, si les Parisiens sont prêts à laisser leur voiture de temps en temps, je vois mal cette journée sans voiture s'étendre rapidement aux villes de banlieue". Et de pointer du doigt un sacré paradoxe : "d'un côté, les voitures sont de moins en moins présentes dans les centres villes et dans le même temps, il n'y a jamais eu autant de trafic routier". En gros, pas de souci pour prendre uniquement le Vélib' un dimanche de temps en temps (Vélib'a enregistré +35% de locations le 27 septembre par rapport à un dimanche habituel, ndlr) dans le centre de Paris mais pas question d'abandonner sa voiture pour rejoindre la banlieue.