Jules Frutos : "Ne pas rouvrir revenait à tuer le Bataclan à nouveau"

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Wendy Bouchard, édité par C.L. , modifié à
Le codirecteur du Bataclan se réjouit de la réouverture samedi soir. Sting affiche complet, preuve que le public est toujours au rendez-vous un an après les attentats.

Quasiment un an jour pour jour après les attentats du 13-Novembre qui ont fait 130 morts, dont 90 au Bataclan, la salle de spectacle rouvre ses portes et rallume les enceintes samedi soir. Le chanteur et guitariste Sting fera résonner les premières notes de musique dans l'établissement endeuillé. Pour Jules Frutos, codirecteur du Bataclan invité d'Europe 1 Week-End, cette réouverture s'est faite "un peu précipitamment" mais "laisse présager de belles choses".

La musique d'abord. Alors qu'un hommage aux victimes est prévu dimanche, c'était la volonté des gérants de démarrer par un concert. "C'était important, à la fois pour le public et la salle, d'installer de la musique avant les commémorations", explique Jules Frutos. Il a par ailleurs souhaité un concert "normal", d'où le choix de Sting, et non d'une troupe de chanteurs qui se succèdent pour une soirée-hommage : "cette idée nous mettait mal à l'aise. Il fallait que ça redémarre normalement, dans l'esprit du Bataclan. On ne voulait pas d'un plateau ou d'un groupe de chanteurs qui puisse faire penser à autre chose qu'à la musique".

Pas abandonner la salle. Cette réouverture n'a cependant pas été simple pour les trois gérants "accablés" (Jules Frutos, Olivier Poubelle et Jérôme Langlet). "Nous sommes restés ensemble avec les équipes du Bataclan. On ne pouvait pas laisser cette salle devenir un mausolée", soutient Jules Frutos. "Notre métier c'est d'amener de la musique, des concerts, des spectacles. C'eut été un abandon de ne pas revenir sur la scène. Cela revenait à la tuer deux fois". S'ils ont envisagé de changer radicalement l'aspect du Bataclan, les gérants ont finalement opté pour une reconstruction à l'identique : "L'identité du Bataclan, sa force, son passé, l'ont emporté, comme une évidence, sur un éventuel effacement".

Complet pour une semaine. La sécurité de la salle a été renforcée pour rassurer tout le monde. Restait à savoir si le public serait au rendez-vous. "Bien sûr qu'on a eu des doutes, des peurs même, sur l'adhésion du public", avoue Jules Frutos. "Le choc de ce qui s'est passé fait que certains ne peuvent plus venir au Bataclan, artistes ou spectateurs". Il a vite été rassuré : outre Sting qui affiche complet, le Bataclan fera salle comble au moins jusqu'au 19 novembre.