Jura : le mystère du meurtre d'une jeune inconnue défigurée résolu

L'homme a été présenté à un juge du tribunal de Besançon en vue de sa mise en examen pour "meurtre"
L'homme a été présenté à un juge du tribunal de Besançon en vue de sa mise en examen pour "meurtre" © capture d'écran Google Street View
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avec AFP , modifié à
Un homme a été présenté au tribunal de Besançon en vue de sa mise en examen pour le meurtre d'une jeune femme d'une vingtaine d'années retrouvée morte en décembre dernier, dénudée et défigurée.

Un an d'enquête et une étroite coopération entre la France et la Suisse ont permis de résoudre le mystère entourant la découverte en décembre 2016 du cadavre d'une jeune femme défigurée par les coups, dans une forêt de l'est de la France, et d'interpeller son meurtrier présumé.

Victime et meurtrier présumé identifiés. La victime est une Roumaine de 18 ans. Elle a pu être identifiée, 10 mois après sa mort, grâce au recoupement de son ADN avec celui de sa mère, retrouvée en Roumanie. Son assassin présumé est un travailleur frontalier de 30 ans, originaire du Doubs. Il a été mis en examen pour meurtre et placé en détention, a annoncé jeudi la procureure de Besançon, Edwige Roux-Morizot.

"Il conteste catégoriquement le meurtre et il aura probablement des explications à donner par la suite sur les éléments matériels du dossier", a indiqué son avocate, Me Emmanuelle Huot, ajoutant que son client "n'avait pas reconnu" la victime lorsqu'on lui avait présenté sa photo.

La ressource de l'ADN. La résolution de l'affaire est partie d'un échange fortuit entre les enquêteurs suisses et français. Alors qu'ils coopéraient dans une autre affaire, ils ont fait le lien entre la découverte d'une carte d'identité appartenant à une jeune prostituée roumaine à Sullens, en Suisse, et le corps non identifié retrouvé dans le Jura. "L'ADN de la victime correspondait avec celui de la disparue : un prélèvement de l'ADN de sa mère en Roumanie a permis de confirmer avec certitude l'identité de la victime", a expliqué à la presse le commandant de la section de recherches de la gendarmerie de Besançon, Pascal Péresse.

Une enquête conjointe. Les enquêteurs ont ensuite établi que la jeune femme avait disparu entre le 29 et le 30 novembre 2016. Puis une enquête menée des deux côtés de la frontière a permis de retrouver la trace d'un homme blessé, qui s'est rendu le 30 novembre 2016 dans un hôpital français pour se faire poser plusieurs points de suture à la main. L'homme a été interpellé mardi et son ADN correspond à celui trouvé sur la victime et sur le lieu de la découverte du cadavre, a précisé Pascal Péresse.

Un suspect qui conteste les faits. "Il conteste les faits et dit s'être blessé après avoir heurté un chevreuil en voiture", a indiqué Edwige Roux-Morizot. Le suspect, dont le casier judiciaire est vierge, est père d'un enfant et vit en couple, selon son avocate. La victime, probablement tuée à Sullens, près de Lausanne, en pleine nature, se prostituait en Suisse, où elle n'avait pas de domicile officiel, ont précisé le représentant de la police cantonale vaudoise, Jean-Christophe Sauterel, et le procureur du ministère public central du canton de Vaud, Christian Bauffat.

Tuée par des coups au visage. Le corps dénudé avait été découvert par des bûcherons le 15 décembre 2016 dans la forêt de Le Franois (Jura), à proximité de la frontière suisse. Le cadavre présentait 26 coups de couteau plus ou moins appuyés au niveau du flanc et des cervicales gauches, dont aucun n'a été mortel. Le décès a, en revanche, été causé par de multiples coups portés au visage, dont les os et les dents étaient brisés, d'après les conclusions de l'autopsie.

Un portrait 3D. Pour identifier la victime, l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) a effectué une reconstitution faciale de la jeune femme afin d'établir son portrait-robot en 3D. Un appel à témoins a pu être diffusé très largement en Europe. Mais pendant de longs mois, ni famille, ni amis, ni aucune connaissance n'ont signalé la disparition de cette jeune femme. Son identité est restée un mystère jusqu'à la réunion avec les enquêteurs suisses.