"Jeu des 72 heures" : comment mettre en garde vos ados ?

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Fabienne Cosnay , modifié à
Le "jeu des 72 heures", qui consiste à disparaître pendant trois jours, pourrait être le dernier défi à la mode chez les ados. Faut-il leur en parler ?

La véracité du phénomène "reste à prouver", insiste la police. Mais en attendant, l'inquiétude est bien là chez les parents. Après avoir disparu pendant trois jours, Emma, 13 ans, a décrit aux enquêteurs un nouveau jeu qui serait à la mode chez les ados, "le jeu des 72 heures". Le défi, qui se partagerait sur Facebook, consiste à disparaître pendant 12, 24 ou 72 heures sans donner aucune nouvelle à sa famille et à ses proches. A son retour, l'adolescent doit nommer trois personnes qui devront à leur tour disparaître.

"Les jeunes commencent à en parler". Si les déclarations d'Emma sont à prendre avec beaucoup de précautions d'après les enquêteurs, la description qu'elle a faite de ce nouveau jeu suscite l'inquiétude chez de nombreux parents d'élèves. "Un seul cas a été rapporté. Mais nous recevons des témoignages de parents inquiets depuis trois semaines", assure à Europe 1 la présidente de l'association SOS Benjamin, Magali Duwelz, qui se bat depuis presque 20 ans contre les jeux dangereux à l'école. "Nous savons que ce jeu se propage en milieu scolaire, les jeunes commencent à en parler entre eux", insiste la mère de Benjamin, retrouvé pendu en 1995 à l’essuie-mains des toilettes de son école.

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Poser les bonnes questions. Pour la présidente de l'association SOS Benjamin, "il faut agir en prévention avant qu'un drame se produise". Au risque de révéler le jeu aux ados ? Au risque de donner de l'ampleur à un phénomène pour l'instant marginal ? Oui, répond, sans sourciller, Magali Duwelz, qui rappelle qu'en juin 2014, un jeune est mort noyé après avoir répondu au défi Facebook "A l'eau ou au resto".

"Ne pas donner le mode d'emploi du jeu". "Il ne s'agit pas de donner le nom du jeu, ni son mode d'emploi", souligne Magali Duwelz. Pour évoquer les jeux dangereux à l'école et détecter un éventuel danger, la présidente de l'association Benjamin conseille aux parents de poser quelques questions, à la portée de chacun. "Quand j'interviens en classe, je n'aborde jamais le problème en disant aux èlèves. 'Est-ce que tu as vu ce  nouveau jeu qui circule" ? Je leur pose d'autres questions pour les amener à parler.

Quelques exemples de questions à poser à vos enfants ou ados :

- Tu sais ce que c'est une fugue ?

- Ca veut dire quoi, pour toi, disparaître ?

- Sur Facebook, on t'incite à faire quelque chose ?

- Est-ce que tu as vu de nouveaux jeux ?

Il faut aussi adopter des règles simples. "Ne jamais installer d'ordinateur dans la chambre de vos enfants ou ados", rappelle la présidente de l'association Benjamin. "Une fois par semaine, aller regarder qu'il n'y a rien d'anormal sur son profil Facebook et jeter un œil régulièrement au résumé de ses connexions Internet".

Installer une veille des jeux dangereux. Face à la multiplication de ces jeux dangereux, pas toujours faciles à appréhender en raison de leur viralité, Magali Duwelz appelle à la création d'un Observatoire d'étude des conduites à risque. L'association a demandé un rendez-vous au ministère de l'Education nationale. L'organisme demande la mise en place d'une véritable "veille" des jeux dangereux, notamment des "défis" qui émergent sur les réseaux sociaux.

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