Jean-Louis Étienne : "La médecine a été mon passeport pour toutes mes aventures"

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G.P.
Jean-Louis Étienne évoque ses explorations et ses choix de vie, au micro Europe 1 d'Isabelle Morizet.

Alpiniste, navigateur et explorateur, Jean-Louis Étienne est le premier homme a avoir atteint le pôle Nord en marcheur solitaire. Dans son nouveau livre, Dans mes pas, il évoque sa passion pour l'aventure et ces longs breaks en solitaire. Il était l'invité d'Isabelle Morizet dimanche, dans Il n'y a pas qu'une vie dans la vie, sur Europe 1.

La marche, contre les "cul-de-sac de réflexion". Dans son dernier livre, Jean-Louis Étienne fait un éloge de la marche. "C'est un temps avec soi, un pas à la juste mesure du temps de son corps. C'est physique, mais cela permet une libération de l'esprit", explique-t-il. Pour preuve, l'explorateur l'utilise lui-même pour s'aérer l'esprit. "Je peux m'accorder des breaks, pour faire quelques pas quand je suis dans un cul-de-sac de réflexion, dans un moment de déception. C'est très bénéfique et c'est facile à mettre en oeuvre", détaille l'alpiniste.

Jean-Louis Étienne, à l'aise sur terre et sur mer. "À l'origine, j'adorais la montagne. J'aimais cette notion d'expédition. Mais ce qui m'a ouvert sur autre chose, c'est mon métier de médecin. La médecine a été mon passeport pour toutes ces aventures", détaille Jean-Louis Étienne. Docteur en médecine et ancien interne en chirurgie, il propose ses services pour des expéditions. Il rencontre Éric Tabarly dans un aéroport et lui donne son contact. C'est le navigateur qui l'invitera à l'accompagner lors d'un tour du monde et sur d'autres régates. "Pendant douze ans, j’ai fait médecin d’expédition jusqu’à ce que je décide de faire ma propre aventure", rappelle-t-il.

Les douches froides ? "Ça désensibilise du froid". Un de ses plus grands exploits reste son expédition au pôle Nord. Il est ainsi le premier homme a rallier à ce point, en tirant lui-même son traîneau. "Il y a 800 kilomètres à faire, mais en réalité plus, parce que la banquise dérive sans arrêt. Au moins 1.000 au total. Et j’avançais à 700 mètres à l’heure", se souvient l'aventurier. Seul sur la banquise, l'explorateur cite les deux plus gros dangers qui s'offraient à lui : croiser un ours passer à travers la banquise.

À l'époque, Jean-Louis Étienne avait testé le matériel en dormant tout un hiver sur le balcon. Mais ce qui aide vraiment à vaincre des températures si basses, selon lui, c'est de prendre des douches froides. "Ça désensibilise du froid", souligne-t-il.

"On a besoin de dépassement, c'est une évidence". Quand il regarde rétrospectivement tous ses exploits, Jean-Louis Étienne préfère parler de "persévérance", plutôt que d'"héroïsme". "Les porteurs de l'Himalaya ont découvert le sommet de l'Everest parce qu’ils gagnent leur vie avec ça. Les Inuits ne se sont jamais intéressés au pôle Nord, car il n’y a rien à manger, rien n’y vit. C'est pour ça que je dis que c’est une sorte de conquête pour soi. On a besoin de dépassement, c'est une évidence", conclut-il.