Incendies : quel profil pour les pyromanes ?

Incendie Corse 1280
Les pompiers continuent de lutter contre les foyers d'incendies qui restent actifs en Haute-Corse © PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP
  • Copié
Benjamin Lévêque et Théo Maneval, édité par R.Da. , modifié à
Alors que 2.000 hectares sont partis en fumée en Corse, la garde à vue d'un homme soupçonné d'avoir allumé des feux à Bastia a été prolongée.

La situation est stabilisée sur le front des incendies en Haute-Corse. Les pompiers poursuivaient samedi leurs efforts pour éteindre deux incendies dans le Nord de l’île, qui ont parcouru environ 2.000 hectares de végétation, sans faire de victimes. Dans le même temps, un homme soupçonné d'être responsable de feux à Bastia est toujours placé en garde à vue.

"C’est des fous !". L'intensité du vent diminue en Corse et les pompiers peuvent donc mieux lutter contre les flammes, tandis que les personnes évacuées ont pu regagner leur lieu de résidence. "C'est le pire incendie au niveau importance et quantité depuis dix ans. On en a assez, mais on ne peut pas faire grand-chose. Le feu, c'est inarretable", explique un habitant au micro d'Europe 1.

"Ce matin, c’est un paysage de désolation. La route du littoral entre Pietracorbara et Sisco est lunaire. À certains endroits, il n'y a plus rien", rapporte-t-il, alors même que la garde à vue d’un pyromane présumé a été prolongée samedi soir. "C’est des fous ! On a envie que ces gens-là soient retrouvés par les forces de l’ordre et jugés !".

Des motivations qui divergent. L'homme arrêté est soupçonné d'avoir provoqué des départs d'incendie à Bastia dans la nuit de vendredi à samedi. "Cet homme, né en 1962, conteste les faits qui lui sont reprochés", a précisé à l'AFP une source proche de l’enquête, ajoutant qu'"un témoin l'a reconnu visuellement" et que d'autres devaient encore être entendus.

Depuis le début de l'été - comme chaque année - plusieurs pyromanes ont déjà été arrêtés. Mais leurs motivations ne sont pas toujours les mêmes, comme l’explique Michel Lejoyeux, psychiatre à l'hôpital Bichat à Paris. "Il y a ce que l’on appelle des incendiaires, qui allument des feux pour des raisons soit criminelles, soit agressives. Par exemple par jalousie, lorsque l’on en veut à quelqu'un, du coup on va brûler quelque chose qui lui appartient", explique ce spécialiste.

Un plaisir "presque sexuel". "Mais il y a une forme particulière d’incendiaires - qui ne sont pas les plus fréquents - ce sont les pyromanes. C’est quelqu'un qui est fasciné par le feu, par l’allumage et la vision du feu. Il déclenche un plaisir, qui est presque sexuel [en allumant un feu]. Il y a une forte libido autour du feu", souligne-t-il.

"Le pyromane ne veut pas faire du mal. La pyromanie figure dans la classification internationale des maladies comme un trouble du contrôle des impulsions. Ce sont des gens qui ont une envie impulsive d’allumer un feu, y résistent longtemps puis, à un moment, vont y céder".

Plus de 7.000 hectares de végétation détruits cet été. Depuis mi-juillet, les incendies qui ont parcouru le Sud-Est de la France et la Corse ont détruit plus de 7.000 hectares de végétation. Vendredi, un jeune homme a été placé en détention provisoire, il est soupçonné d’avoir provoqué 16 départs d’incendies à Istres et Fos-sur-Mer.