Hôtellerie : la difficile survie des établissements de campagne

Pour survivre, les hôtels de campagne jouent la carte de la diversification.
Pour survivre, les hôtels de campagne jouent la carte de la diversification. © VANINA LUCCHESI / AFP
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Mélanie Nunes, édité par A.D , modifié à
18.000 hôtels ont fermé en 2017 sur le territoire, notamment dans les zones rurales. Si le potentiel touristique semble présent, il oblige les hôteliers à revoir leurs formules.
L'ENQUÊTE DU 8H

En 2017, 500 hôtels ont mis la clé sous la porte, soit plus d'un par jour sur un total de 18.000 enseignes, d'après les chiffres de l’Union des métiers de l’hôtellerie et de l’industrie. Les difficultés concernent surtout des établissements en zones rurales. Notre reporter a mené l'enquête.

Des fermetures en série. Le premier constat est que tous les départements sont concernés : dans le Cantal, 80 hôtels sont actuellement à vendre. En Seine-et-Marne, 500 établissements ont disparu depuis cinq ans. Dans le Loiret, 10% des hôtels ferment chaque année. Cela a été le cas de l'auberge d’Eric et Nadine, située dans un village de 210 habitants entre Orléans et Montargis : "On n'est pas dans un Formule 1, Novotel ou Sofitel. Chaque chambre est différente avec des poutres, du papier peint. On a eu beaucoup de contraintes, on a dû payer 50.000 euros pour les remises aux normes. Au début, il y avait neuf salariés, puis, avec les charges, on n'a pas pu suivre", regrettent-ils.

Impact sur l'emploi. Partout en France, ce sont des milliers d’emplois qui disparaissent, de l'ordre de 20.000 chaque année : des réceptionnistes, des femmes de ménage, des serveurs, explique Roland Eguy, le président de l’Union des métiers de l'hôtellerie et de l'industrie, pour qui l'impact ne se limite pas au secteur hôtelier. "C'est le plus grand plan social invisible. Il y a tous les producteurs, les artisans, le peintre, le plombier du village. Tout le village est concerné." Car bien souvent, le café hôtel restaurant situé en bord de route est le dernier commerce du village.

Diversification et nouvelles formules. Pour sauver ces petits hôtels de campagne, il y a la diversification. Des hôteliers installent dans leur établissement une épicerie, un dépôt de pain, de tabac ou de journaux, ou encore assurent le portage de repas à domicile. Gilbert Guttin, hôtelier dans le Loiret, se lance dans le service de proximité. Il évoque "un retrait d'argent, un relais poste et même un coiffeur à domicile qui viendrait une fois par semaine coiffer les seniors. Ce sont des services rendus à la population", argumente-t-il. 

Mais la question sous-jacente est celle de la pérennité du tourisme rural. Pourtant, il y a un réel potentiel puisque la France souhaite accueillir d’ici 2020, 100 millions de touristes par an. Pour le moment, ce sont essentiellement les chambres d'hôtes qui en profitent au détriment du parc hôtelier, et pour eux, il faut agir vite, la plateforme Airbnb vient d'en faire la démonstration en signant un partenariat avec l’Eure-et-Loir.