Harcèlement sexuel dans la police : "il me taxait de frigide et de psycho-rigide"

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© GERARD JULIEN / AFP
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Lionel Gougelot, édité par R.Da. , modifié à
TÉMOIGNAGE E1 - Deux policières ont porté plainte contre un collègue, dénonçant les brimades sexistes subies quotidiennement depuis deux ans. L'une d'elles témoigne au micro d'Europe 1.
TÉMOIGNAGE

Elles ont osé parler dans un milieu où l'omerta règne le plus souvent. Deux policières du commissariat de Douai, dans le Nord, ont porté plainte pour harcèlement sexuel contre l'un de leurs collègues en juillet dernier. Elles ne dénoncent pas des tentatives d'obtenir des faveurs sexuelles, mais un comportement malsain et misogyne de la part d'un policier qui, pendant près de deux ans, a fait régner une "ambiance sexuelle" dans le service sans jamais être rappelé à l'ordre par sa hiérarchie.

Une forme de harcèlement sexuel que les deux jeunes femmes ont décidé de dénoncer. L'une d'elles, Sandrine [le prénom a été modifié, ndlr] a accepté de témoigner auprès d'Europe 1 :

"Il me taxait de frigide". Tous ces mois passés à côté de son collègue du commissariat ont été vécus comme une agression constante contre sa féminité. "Il arrivait le matin, et on savait s'il avait fait l'amour, combien de fois, dans quelles positions… Une fois il est rentré dans mon bureau, en donnant un coup de pied dans ma porte, et il a dégrafé son pantalon. J'ai commencé à apercevoir la couleur de son caleçon. Il hurlait : 'je vais te la poser sur le bureau, ça va te faire taire'", raconte la jeune femme. "D'autres fois, c'était : 'Ferme ta gueule, je vais te la foutre au fond de la gorge, au moins tu la fermeras'. Et comme je réagissais en disant, 'ça suffit', il me taxait de frigide et de psycho-rigide", témoigne encore Sandrine.

"La hiérarchie savait …" Lors de l'enquête de l'IGPN, le policier mis en cause a rejeté ces accusations, invoquant une forme d'humour. Sandrine, elle, regrette de ne pas avoir été soutenue par ses supérieurs. "La hiérarchie savait qu'il avait un comportement plus que limite, elle ne m'a pas du tout aidé, parce que je commençais à embêter, à déranger les gens à dire qu'il se passait des choses", explique-t-elle. "On banalise tellement depuis des années ce comportement… Au bout d'un moment je ne pouvais plus, je ne voulais plus !" Toujours en arrêt maladie, la policière espère maintenant que la justice engagera des poursuites contre son collègue.