Guyane : les manifestants veulent "une journée morte" après le démarrage timide de lundi

Les manifestants s'attendaient à voir plus de monde dans les rues, lundi.
Les manifestants s'attendaient à voir plus de monde dans les rues, lundi. © AFP
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avec AFP
La mobilisation n'a pas été optimale, lundi, en Guyane. Les manifestants espèrent que la journée d'aujourd'hui sera une "journée morte".

Mardi doit être une "journée morte" en Guyane après un démarrage timide de la "grève générale illimitée" et alors que le Premier ministre Bernard Cazeneuve a annoncé la venue de ministres "avant la fin de semaine".

Une première "démonstration de rue" prévue. Des marches se tiendront en parallèle à Cayenne et Saint-Laurent-du-Maroni, à l'appel du collectif "Pou la Gwiyann dékolé" (pour que la Guyane décolle). Ce sera "la première démonstration de rue au-delà des barrages", a affirmé l'un des porteurs du mouvement. Air France, dont les avions ne desservent plus Cayenne depuis dimanche, a annulé son vol pour mardi.

Lundi à Cayenne, pour le premier jour de "grève générale illimitée", les commerces étaient ouverts. Une myriade de drapeaux indépendantistes vert, jaune et rouge flottait sur les voitures, scooters et ronds-points. Des banderoles "nous bon ké sa" ("ça suffit" en créole guyanais) étaient visibles partout sur le territoire. Mais la mobilisation était bien inférieure à celle des jours précédents.

À Cayenne, on s'attendait à "plus de monde". Alors que des centaines de manifestants se tenaient autour des barrages routiers dans Cayenne ce week-end, ils n'étaient que quelques dizaines lundi à empêcher les voitures d'entrer ou sortir de la ville lundi. Quelques centaines de personnes se sont rassemblées devant le rectorat, avant de former une chaîne humaine. "Ceux qui sont hors Cayenne n'ont pas pu passer les barrages", selon un professeur de sport gréviste, qui s'"attendait à plus de monde".

Le collectif "Pou la Gwiyann dékolé", très majoritaire, a édifié une plateforme de revendications communes, de la construction d'écoles à l'intensification de la lutte contre l'orpaillage, en passant par le paiement des arriérés aux fournisseurs de l'hôpital de Cayenne. "La première priorité, c'est la lutte contre l'insécurité, le renforcement des moyens", a toutefois déclaré le président François Hollande depuis Singapour.

Une délégation ministérielle sur place d'ici la fin de la semaine. "Une délégation ministérielle sera sur place avant la fin de la semaine" pour conclure les discussions engagées par la mission de hauts fonctionnaires dépêchée samedi, a annoncé Bernard Cazeneuve, au côté de la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts. "Si toutefois les conditions du respect (...) et de l'ordre républicain sont réunies", a-t-il précisé.

Le Premier ministre a annoncé notamment qu'un "centre pénitentiaire et un tribunal de grande instance" seraient "construits à Saint-Laurent-du-Maroni".

Fekl : "On ne dialogue pas en cagoule"."On ne dialogue pas en cagoule. On dialogue le visage découvert. Il faut que la confiance soit présente", a de son côté insisté le nouveau ministre de l'Intérieur Matthias Fekl, depuis Bruxelles.

"On a l'impression que le gouvernement ne perçoit pas le ras-le-bol de la population", dont "encore 30% (...) n'a pas accès à l'eau potable ou à l'électricité", a déploré le sénateur PS de Guyane, Antoine Karam, sur BFMTV.

Policiers supplémentaires, aides débloquées... La mission interministérielle, pilotée par l'ancien préfet de Guyane Jean-François Cordet, a fait dimanche plusieurs annonces visant à désamorcer le mouvement social. Mais, a souligné une source gouvernementale,"les revendications sont éparses et les collectifs ne sont pas d'accord entre eux".

Jean-François Cordet a notamment annoncé le renfort de "25 policiers, 23 gendarmes", ou "la fidélisation d'un escadron de gendarmes mobiles à Cayenne", mais aussi une enveloppe d'urgence de "60 millions d'euros supplémentaires" pour le centre hospitalier de Cayenne, fortement endetté.