Grogne des policiers : quelques centaines d'agents en civil manifestent à nouveau dans Paris

Débordés par ce mouvement qui a fait tâche d'huile dans toute la France, les syndicats tentent de reprendre la main.
Débordés par ce mouvement qui a fait tâche d'huile dans toute la France, les syndicats tentent de reprendre la main. © JEFF PACHOUD / AFP
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avec AFP
Les manifestations spontanées de policiers se multiplient depuis jeudi. Une centaine d'entre eux se sont réunis lundi soir, près de l'Opéra Garnier. 

Plusieurs centaines de policiers en civil ont à nouveau manifesté lundi soir à Paris, à la veille de rassemblements devant les palais de justice de France à l'appel d'une intersyndicale. Au huitième jour du mouvement de grogne entamé à la suite de l'agression aux cocktails Molotov contre quatre de leurs collègues dans l'Essonne, les policiers, dont certains portent un brassard siglé "police", se sont retrouvés en silence sur le terre-plein central de la place de l'Opéra, en plein cœur de la capitale.

"Citoyens avec la police". Au milieu de la circulation, des voitures de police sérigraphiées, vraisemblablement en patrouille, ont brièvement déclenché leur sirène en signe de soutien en passant à proximité. Des taxis, des bus RATP, des piétons ont eu aussi manifesté leur soutien. "J'ai plus que deux points sur mon permis mais je soutiens la police", pouvait-on lire sur l'affichette portée par l'un d'eux, tandis que quelques autres brandissaient des drapeaux français sur lesquels était inscrit "Citoyens avec la police".

Une marche vers le ministère de la Justice. Les manifestants, scandant "Policiers en colère, citoyens avec nous" ou "Cazeneuve démission", ont ensuite commencé à marcher sur la chaussée en direction de la place Vendôme, siège du ministère de la Justice. Les policiers réclament notamment l'amélioration des conditions matérielles d'exercice de leur métier, un assouplissement des règles de la légitime défense ou encore l'instauration de peines plancher pour les agresseurs de membres des forces de l'ordre, mesure créée sous la droite et abrogée sous François Hollande.

La question de la légitime défense. "Il faut bouger cette fichue loi sur la légitime défense, ce qu'on veut c'est une présomption de légitime défense pour les policiers", a expliqué Gerlove Yokota, un policier municipal venu soutenir ses collègues de la police nationale. Un autre manifestant, qui travaille de nuit en brigade anticriminalité (BAC) dans le Val d'Oise, se dit exaspéré par le "laxisme judiciaire" et la question de la légitime défense. "Aujourd'hui, je n'ai pas peur de me faire tirer dessus mais j'ai peur des conséquences judiciaires si je riposte, je suis plus angoissé de savoir si j'ai le droit de sortir mon arme", a expliqué ce gardien de la paix de 32 ans, sous couvert d'anonymat.

La grogne s'installe. Cette manifestation, comme depuis le début du mouvement, n'est pas organisée par les puissants syndicats de policiers. Déjà vendredi et samedi, quelques centaines de policiers avaient défilé dans les rues de Paris. Jeudi soir, plus de 500 policiers avaient manifesté du Trocadéro aux Champs-Elysées avant d'être bloqués à proximité du ministère de l'Intérieur place Beauvau.

Les syndicats dépassés ? Débordés par ce mouvement qui a fait tâche d'huile dans toute la France, les syndicats tentent de reprendre la main. Une intersyndicale réunissant la majorité des organisations appelle ainsi tous les mardis à des rassemblements devant les palais de justice, tandis que le syndicat Unité-SGP police FO organise de son côté à une "marche de la colère policière et citoyenne" mercredi, jour où François Hollande les recevra. "Nous sommes la police. Que les personnalités (politiques) traitent avec nous et pas avec les syndicats, c'est nous qui sommes dans la rue, pas les syndicats", a averti, mégaphone en main, Damien, un manifestant.