Police, gilets jaunes, Amiens, commissariat, Europe 1, 1280 1:43
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Grégoire Duhourcau , modifié à
Alors que les "gilets jaunes" s'apprêtent à entrer dans leur dixième semaine de mobilisation, le commissaire d'Amiens confie vendredi au micro de Nikos Aliagas sur Europe 1, avancer "un peu vers l'inconnu".
INTERVIEW

"Dix semaines, c'est très long." Ce sont les premiers mots de David Preud’homme, le commissaire d’Amiens et Directeur départemental de la sécurité publique, au micro de Nikos Aliagas sur Europe 1, vendredi, au moment d'évoquer la mobilisation des "gilets jaunes". Long, car il s'agit d'"un mouvement qui a évolué, qui nous a surpris, qui est inédit pour nous", explique-t-il. "La mobilisation dure, on avance un peu vers l'inconnu."

"Nous n'avions plus des manifestants, nous avions des casseurs." Il décrit notamment cinq premières semaines de mobilisation qui ont été "assez calmes" avant que cela change lors des "sixième et septième semaines" : "On a été surpris par des casseurs. Nous n'avions plus des manifestants, nous avions des casseurs et il y a eu pas mal de dégradations."

"La manifestation du 22 décembre, dès que nous sommes arrivés, on a vu tout de suite le ton qui changeait, des individus qui étaient masqués, qui étaient équipés", appuie Marie-Ange Martins, la capitaine et cheffe du Service d’Ordre Public.

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"Il est temps pour nous que ce désordre cesse." S'il y a eu "51 usages de LBD (lanceur de balles de défense, ndlr)" à Amiens, "ce qui est vraiment énorme", David Preud'homme se réjouit de ne déplorer "aucun blessé". Le seul blessé "est un blessé policier". "La question de la violence est une question importante pour nous" car "c'est toujours un échec, un blessé", assure-t-il. "La mission de la police, ce n'est pas de casser, c'est de faire baisser le niveau de violences. Ma mission en tant que directeur est de rétablir l'ordre, pas de créer du désordre. Notre mission n'est pas politique. C'est vraiment de protéger les personnes, de protéger les institutions. (...) Il est temps pour nous que ce désordre cesse."

"Être manifestant, c'est quelque chose qui s'organise." David Preud'homme a par ailleurs tenu à profiter de son intervention pour faire "passer des messages" : "La manifestation, ce n'est jamais innocent. Une manifestation, ce n'est pas un jeu et on n'a pas tous les droits. Manifester, ce n'est pas casser , ce n'est pas s'amuser à jeter des pierres sur les services d'ordre. Être manifestant, c'est quelque chose qui s'organise et ça ne permet pas tout."

>> De 7h à 9h, c’est deux heures d’info avec Nikos Aliagas sur Europe 1. Retrouvez le replay ici

"Notre rôle n'est pas de juger le mouvement social." Et du côté de la police, "préparer une manifestation, c'est énormément de préparation" : "Ça ne se voit pas. Ça nous demande beaucoup d'organisation, d'anticipation et le résultat, pour nous, c'est quand on n'en parle pas. C'est quand il n'y a pas d'incident, quand il n'y a pas de blessé dans les forces de police, quand il n'y a pas de blessé dans les manifestants." Il explique que l'objectif de la police est "que ce droit" de manifester "s'exprime dans la liberté, mais également dans les règles." "Notre rôle n'est pas de juger le mouvement social."