"Gilets jaunes" : toujours des points de blocage dimanche soir

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Marthe Ronteix et Margaux Lannuzel avec AFP , modifié à
Les "gilets jaunes" ont poursuivi leur mobilisation dimanche, après une première journée de blocage sur les routes samedi. Europe 1 fait le point sur la situation.

Après une première journée de manifestations samedi, les "gilets jaunes" se sont à nouveau mobilisés dimanche, même si le nombre de points de blocage était en recul. Le ministre de l'Intérieur a revu à la hausse le nombre de participants à ce mouvement de protestation, avec "287.710 personnes comptabilisées sur 2.034 sites". Les forces de l'ordre ont interpellé au total 282 personnes, dont 73 pendant la nuit, ce qui a donné lieu à 157 gardes à vue. La conductrice à l'origine de la mort d'une manifestante a par ailleurs été mise en examen et placée sous contrôle judiciaire. Beauvau n'a pas communiqué de chiffre sur le nombre de manifestants dimanche, estimés à environ 40.000 selon des médias.

Les trois infos à retenir :

  • 409 personnes (automobilistes, "gilets jaunes", forces de l'ordre et pompiers) ont été blessées samedi, dont 14 gravement
  • Plusieurs points de blocage demeurent dimanche soir et les "gilets jaunes" indiquent leur volonté de poursuivre le mouvement lundi 
  • La conductrice à l'origine de la mort d'une manifestante a été mise en examen, dimanche

Un péage gratuit quelques heures à Disneyland Paris 

Un cortège de plusieurs dizaines de voitures de "gilets jaunes" de Seine-et-Marne s'est rendu par surprise au péage du parking de Disneyland Paris, à Chessy, dimanche, rapporte Le Parisien. Les manifestants ont bloqué sept des neuf accès et ont fait entrer gratuitement (une journée de parking coûte normalement 30 euros) les visiteurs des parcs par les deux guichets restés ouverts jusqu'à 12h30. Les policiers présents en nombre sont alors intervenus pour mettre fin à cette action.

L'ANECDOTE DU JOUR : Un "gilet jaune" s'est rendu au rond-point de Gallargues, dans le Gard, avec sa jument dite "Brigitte". Objectif : "économiser du carburant"

Plusieurs points de blocages

Sur environ 150 sites, les manifestants avaient appelé à reconduire le mouvement, selon l'Intérieur. Dans le Sud-Est, la mobilisation des "gilets jaunes" s'est concentrée dans le Vaucluse. Une centaine de motards ont mené une opération escargot, "encadrée par les forces de l'ordre pour sécuriser le parcours" sur la nationale 7. Des barrages étaient également recensés le long de l'autoroute A7, rendant notamment les entrées impossibles à Avignon Nord, Orange et Bollène. 

Les forces de l'ordre sont intervenues dans l'après-midi au niveau de l'échangeur d'Ifs au sud de Caen pour disperser un millier de gilets jaunes, notamment au moyen de gaz lacrymogène. Neuf cars de gendarmes mobiles étaient visibles au niveau de l'échangeur - le plus important point de blocage autour de l'agglomération. Les "gilets jaunes" y avaient installé un barrage filtrant à la mi-journée, laissant passer les véhicules au compte-goutte. La situation s'est envenimée en fin d'après-midi, les gendarmes intervenant pour disperser les manifestant au moyen de gaz lacrymogène. 

À Rennes, pour assurer la sécurité de manifestants restés sur le périphérique, la préfecture avait annoncé samedi soir la fermeture partielle de la rocade. Ils étaient toujours présents dimanche soir, mais en nombre réduit.

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(A Valenciennes, les "gilets jaunes" bloquent un rond-point).

Dans plusieurs endroits, les "gilets jaunes" ont indiqué qu'ils poursuivraient le mouvement lundi, comme à Brioude, en Haute-Loire, ou dans le Morbihan. Au Mans notamment, une union aux routiers et agriculteurs pour empêcher l'accès à l'A28 est annoncée.

Des autoroutes ralenties. Du côté des routes, le groupe Vinci signalait dans son dernier bilan, publié à 18h30, des blocages sur l'A10, à la hauteur du péage de Monnaie et à hauteur de Bordeaux, sur l'A11, au niveau d'Angers et du Mans, sur l'A9, à l'approche de la frontière espagnole, sur l'A8, au niveau du péage de La Barque et sur l'A7 en Vallée du Rhône. "La plus grande prudence s'impose à l'approche des péages et des accès aux autoroutes, où des piétons peuvent être présents, et ce à plus forte raison avec la faible visibilité nocturne", précisait Vinci dimanche soir

gilets jaunes, péage du Capitou crédit : Frédéric Michel / Europe 1

Le ministre de l'Intérieur appelle à la responsabilité de chacun

Invité de Bernard Poirette dimanche matin, Christophe Castaner a déclaré qu'"il appartient aux organisateurs de se rendre compte qu'ils ont souhaité bloquer la France [samedi], et bloquer 65 millions de Français qui souhaitaient se déplacer. J'ai eu des inquiétudes particulières [samedi] soir où j'ai vu, sur certains sites, l'alcool qui avait coulé à flot dans la journée, des jeunes des quartiers qui venaient rejoindre les manifestations avec bien évidemment des intentions très différentes de ceux qui voulaient faire entendre une colère", a-t-il souligné. "Cette nuit a été agitée. (...) Il y a eu des agressions, des bagarres, des coups de couteau", a détaillé le ministre.

"Mais une chose est sûre, j'appelle aujourd'hui chacun à la responsabilité, la raison, la sagesse. Nous sommes dans un pays sage où les humeurs ne doivent pas s'exprimer en empêchant celles et ceux qui veulent aller travailler dimanche, car 15% des Français travaillent le dimanche et ils en ont besoin", a rappelé le ministre sur Europe 1. 

Dimanche soir sur France 2, le Premier ministre Edouard Philippe a lui affirmé avoir entendu la "souffrance" des Français, tout en excluant toute nouvelle mesure en faveur du pouvoir d'achat. "Nous allons tenir le cap", a martelé le chef du gouvernement, dénonçant des "scènes d'anarchie" en certains points de blocage. 

 Indignation après une agression homophobe présumée

Samedi fin de matinée, Raphaël Duret, conseiller municipal de Bourg-en-Bresse, et son compagnon s'engagent en voiture sur le rond-point qui mène au centre commercial  de Bourg-en-Bresse. L'accès est barré par des manifestants. Ne sachant que faire, ils tentent d'avancer.  "J'ai entendu certains manifestants dire, 'je le reconnais, c'est un pédé". A partir de là, ils nous ont menacés'", explique Raphaël Duret à La Voix de l'Ain, qui a révélé l'affaire. C'est à ce moment-là que les "gilets jaunes" les ont agressés.

Depuis, les réactions indignées se multiplient. D'abord le maire PS de Bourg-en-Bresse Jean-François Debat qui dénonce des "bavures d'un certain nombre de gilets jaunes". Selon lui, d'autres véhicules ont été dégradés à ce barrage et des propos racistes auraient été tenus sur un autre. "Rien. Absolument rien ne saurait justifier ces actes odieux. Chaque insulte, chaque agression homophobe est une injure à notre pacte républicain. Solidarité avec les victimes. Confiance en nos enquêteurs qui feront toute la lumière sur ces faits", a réagi de son côté le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner sur Twitter.