Génération Tanguy : "Ce n'est pas forcément un désir de rester chez papa-maman"

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A.H. , modifié à
Selon les derniers chiffres de l'Insee, de plus en plus de jeunes restent vivre chez leurs parents au-delà de 25 ans. Entre l'allongement des études, le chômage et le prix du logement, rien d'étonnant.
INTERVIEW

Etudier, travailler, tout en continuant d'habiter chez ses parents. Pour de plus en plus de jeunes, c'est une réalité, mais surtout une nécessité. Selon une étude de l'Insee publiée mercredi, 46 % des jeunes de 18 à 29 ans habitent chez leurs parents tout ou partie de l'année. Entre 18 et 24 ans, deux jeunes sur trois (65 %) sont dans ce cas, et ils sont un sur cinq (20 %) entre 25 et 29 ans.

"Une tendance de long terme". Cette proportion s'est accrue depuis 2001. "Pas surprenant", estime Sandra Hoibian, directrice du pôle société au Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie), invitée de la Matinale de Raphaëlle Duchemin, jeudi sur Europe 1. "C'est une tendance de long terme", souligne-t-elle. Davantage d'étudiants, qui entreprennent des formations plus longues, "mécaniquement, ça fait plus de jeunes qui restent chez leurs parents", observe la directrice du Crédoc, qui rappelle également l'importance de la part du nombre de chômeurs chez les jeunes, la récurrence des contrats précaires, et le prix du logement. 

Des difficultés pour louer un logement. "On est dans une société où les jeunes sont la variable d'ajustement. On veut une société de propriétaires, et en même temps, il y a une telle envolée des prix que finalement, les jeunes ont beaucoup de mal à accéder à la propriété. Mais ils se retrouvent aussi en difficulté pour louer des logements, puisque leur situation professionnelle n'est pas stable", constate Sandra Hoibian, qui assure qu'il ne faut pas forcément voir dans cet accroissement de la "génération Tanguy" un "désir de rester chez papa-maman."

Pas des jeunes paresseux. Pour la chercheuse, ces chiffres reflètent un véritable "mouvement de société", qu'il faut veiller à ne pas caricaturer. "Ce qui me gêne dans cette appellation "Génération Tanguy", c'est qu'on a l'impression que ce sont des jeunes paresseux, qui ont envie de rester chez eux pour qu'on leur fasse leur lessive, et qui n'ont pas du tout envie d'indépendance", déplore Sandra Hoibian. "Les chiffres ne montrent pas ça. En fait, dès qu'ils sont actifs, les jeunes vont vers l'indépendance". 

Marilou, obligée de revenir vivre chez son père

À 28 ans, Marilou est revenue pousser la porte de l'appartement familial en région parisienne, en octobre dernier. Dix ans après être partie étudier à Sciences Po Grenoble, elle galère toujours à trouver un emploi stable. "J'ai fait tous les stades de la précarité des jeunes d'aujourd'hui : un service civique, un contrat aidé, six mois de chômage, puis une formation à Paris. Sachant que pour se loger, c'est assez compliqué", raconte-t-elle au micro d'Europe 1. Bruno, son père, a donc accepté de voir revenir sa fille, afin qu'elle puisse suivre sa nouvelle formation sereinement. "J'espère que ça paiera, et qu'en 2018 je trouverais du travail", glisse Marilou.

A quoi ressemble la nouvelle "génération Tanguy" ?