Fusillade de Roye : l'accusé condamné à 30 ans de réclusion

Un gendarme avait été tué en intervenant sur les lieux de la fusillade.
Un gendarme avait été tué en intervenant sur les lieux de la fusillade. © AFP
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avec AFP , modifié à
Marcel Ruffet a été condamné jeudi à 30 ans de prison pour le meurtre de trois membres de sa famille et d'un gendarme en 2015, dans un camp de gens du voyage dans la Somme.

Marcel Ruffet, accusé d'avoir tué au fusil de chasse trois membres d'une même famille et un gendarme dans un camp de gens du voyage à Roye, dans la Somme, en 2015, a été condamné jeudi à 30 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de la Somme.

Aucune période de sûreté. Aucune période de sûreté n'a été prononcée. L'ex-forain a été reconnu coupable d'assassinats sur les trois personnes de la communauté des gens du voyage et de meurtre sur le gendarme intervenu sur les lieux. Le parquet avait requis jeudi matin la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 15 ans.

"Quelqu'un qui n'avait jamais fait parler de lui". "C'est une peine conforme à ce qu'était le dossier" à savoir "la personnalité de cet homme, quelqu'un qui, avant ce tragique 25 août, n'avait jamais fait parler de lui, il a vécu 72 ans sans aucune difficulté, il avait un casier judiciaire vierge", a réagi l'avocat de l'accusé, Me Guillaume Demarcq.  Avec cette peine, inférieure à celle réclamée, "la justice lui a montré qu'elle était moins inhumaine que lui ne l'a été", a estimé de son côté Me Jérôme Crépin, l'avocat de la famille décimée.

Un "coup de sang". "La question-clé de cette audience a été celle du pourquoi. Comment un homme a-t-il pu être capable d'une telle horreur?" avait questionné d'abord, l'avocat général Alexandre de Bosschère. "Quel a été l'élément déclencheur ? La première certitude, c'est que ce n'est pas de Marcel Ruffet que vous pouvez espérer une réponse. Il ne sait pas, il a oublié, ou il ne veut plus savoir", a-t-il lâché lors de son réquisitoire. Marcel Ruffet, ex-forain, était jugé depuis le 25 avril pour avoir le 25 août 2015, avec 2,29g d'alcool dans le sang, tiré sur une famille de ce camp et sur des gendarmes. ll n'aura finalement livré que peu d'explications sur son geste, plaidant le "coup de sang" survenu après des mois de moqueries et d'injures à son encontre.

"Du mépris envers les gens du voyage". Si on l'écoute, "on a le sentiment que sa vie n'a été qu'une suite d'agressions et que sa haine viendrait de là. Rien n'est moins faux, si on veut comprendre cette haine, il faut insister sur un élément de sa personnalité : la force de ses préjugés envers les gens du voyage", a estimé Alexandre de Bosschère. L'avocat général a ensuite tenté une explication à la tuerie. "La personnalité de l'accusé", d'abord, "celle d'un homme rigide qui déteste qu'on l'emmerde", puis "son mépris envers les gens du voyage" et, enfin, l'élément déclencheur, une altercation pour des raisons inconnues, dix minutes avant les faits, avec l'une de ses connaissances à Roye.

"Le cœur et l’œil secs". "Fou furieux, Ruffet est rentré en trombe dans l'aire d'accueil, il a vu Michel Baumgaertner devant chez lui et il l'a lui-même dit : 'J'ai vu ce guignol et ça a fait tilt.' Il va dans sa caravane, prend son arme et les exécute les uns après les autres, les yeux dans les yeux", a relaté Alexandre de Bosschère.  Ce 25 août 2015, "l'enfer ce n'était pas les autres, l'enfer, c'était vous, vous avez incarné un mal sans limite", a ajouté le magistrat, qui avait retenu "la préméditation" pour le meurtre des trois tziganes.  "Il n'y a aucun élément de préméditation, il n'a jamais prémédité son acte !" avait rétorqué Me Guillaume Demarcq lors de sa plaidoirie. Marcel Ruffet "a traversé deux semaines de débats le cœur et l’œil secs", avait conclu l'avocat général face à l'accusé, impassible dans son box, et ne souhaitant pas s'exprimer avant que la cour ne se retire pour décider de son sort.