Fusillade de Grasse : où en est l'enquête ?

La fusillade s'est produite au lycée Alexis de Tocqueville, jeudi à Grasse.
La fusillade s'est produite au lycée Alexis de Tocqueville, jeudi à Grasse. © AFP
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M.L avec AFP , modifié à
Un proche du tireur et son frère jumeau ont été arrêtés au lendemain de la fusillade qui a fait quatre blessés légers dans un lycée. La provenance des armes du suspect a été établie.

L'enquête progresse à Grasse, vendredi, au lendemain d'une fusillade inédite en France. Vendredi, la garde à vue du tireur, qui a fait feu dans son lycée avec un fusil à pompe, blessant le proviseur et trois élèves par plombs, se poursuit sous le régime de 96 heures. Parallèlement, deux frères jumeaux, dont un ami du principal suspect, ont été arrêtés, soupçonnés de complicité. Leur garde à vue se poursuit pour plusieurs heures encore. 

  • Que sait-on du tireur ?

"Un gamin avec une gueule d'ange". Sur les réseaux sociaux, Killian, 16 ans, présentait un profil violent, partageant régulièrement vidéos et photos de tueries de masse. "Ce n'est absolument pas quelqu'un qui pouvait paraître fanatisé", a pourtant indiqué à Europe 1 un ami et collaborateur de son père, conseiller municipal de droite à Grasse. Vendredi, le recteur de l'Académie de Nice a estimé que l'Éducation nationale n'avait pas pu anticiper le basculement dans la violence du lycéen, "un gamin avec une gueule d'ange". Les chefs d'établissement avaient pourtant reçu des consignes pour "donner tous les signalements possibles" quant à la prévention des comportements suspects en milieu scolaire, a souligné Emmanuel Ethis. En l'espèce, "cette anticipation, visiblement, n'a pas fonctionné".

Une ou plusieurs cibles. Selon la ministre de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, "la surprise a été totale" chez les enseignants et les élèves. "Je cite ce que me disait un de ses enseignants, 'c'était un élève qui ne payait pas de mine, dont on n'aurait jamais imaginé un seul instant qu'il puisse être, comme on l'a découvert par la suite, fasciné par les armes de guerre'", a-t-elle poursuivi. Selon la ministre, lorsque le suspect s'est introduit dans l'établissement, "il cherchait un ou des élèves en particulier". Le lycéen aurait poussé la porte d'une salle de classe, imaginant que son ou ses cibles étaient à l'intérieur. "Constatant qu'il s'était trompé, il l'a refermée aussitôt. Donc ce n'était pas aveugle sa démarche, il avait bien un but", a-t-elle précisé. Jeudi, la procureure de Grasse avait indiqué que le tireur entretenait de "mauvaises relations" avec d'autres élèves, excluant tout lien avec une entreprise terroriste.

  • Comment s'est-il procuré ses armes ?

"Le revolver était chez le grand-père". C'est l'une des questions prioritaires des enquêteurs. Outre le fusil qu'il a utilisé, le suspect portait deux armes de poing, deux grenades et un engin explosif artisanal dont la dangerosité n'a pas été précisée. Comment un adolescent de 16 ans a-t-il pu se procurer cet arsenal ? "Le revolver était chez le grand-père" et le fusil chez les parents du suspect, a indiqué une source proche du dossier vendredi. "On est en train de vérifier les emplois du temps, notamment des heures qui ont précédé le passage à l'acte", a ajouté cette source. Reste à déterminer l'origine de la deuxième arme de poing et des grenades, et si l'adolescent a pu confectionner lui-même un engin explosif.

Vendredi, le préfet des Alpes-Maritimes a annoncé un renforcement des patrouilles de police et de gendarmerie devant les établissements scolaires du département. Cette mesure cible en priorité les grandes villes, comme Antibes, Nice, Menton et Cagnes-sur-Mer, et sera effective "dès les prochains jours", a déclaré Georges-François Leclerc.

  • Qui sont ses complices présumés ?

Deux jumeaux interpellés. Vendredi midi, un adolescent, ami du tireur et activement recherché depuis jeudi, a été arrêté sans heurt à Caillan, une ville située à 25 kilomètres de Grasse, dans le Var. Son profil avait été largement diffusé aux forces de l'ordre, dont un représentant l'a reconnu. Quelques heures plus tôt, le frère jumeau de ce complice présumé avait été placé en garde à vue dans le cadre de l'enquête ouverte pour "tentative d'assassinats" par le parquet. L'enquête devra déterminer si les deux garçons connaissaient les projets du tireur, qui a agi seul jeudi mais aurait pu bénéficier de soutiens en amont.