La justice examinera jeudi à Reims la requête de Michel Fourniret, qui veut être entendu dans les affaires de disparition ou meurtre de trois autres jeunes filles. Dans une lettre écrite au juge le 18 juin dernier, le tueur en série présumé demande à être entendu dans les affaires Estelle Mouzin, Angèle Domece et Joanna Parrish. Pour les familles, ce désir de parler de Michel Fourniret constitue un espoir d'en savoir plus. Mais certains avocats mettent en garde contre le risque de manipulation.
Le parquet général considère cette requête comme irrecevable, notamment parce que l'ordonnance de mise en accusation est définitive, en clair parce que le dossier est bouclé. Me Chemla, avocat de certaines familles de victimes, estime ainsi que Michel Fourniret a déjà eu de nombreuses occasions de parler. Le tueur en série présumé a été renvoyé devant la cour d'assises des Ardennes, à Charleville-Mézières, pour sept homicides de jeunes femmes ou adolescentes et autant de viols ou tentatives. Son procès devrait se dérouler au printemps. Il demande alors que les cas Estelle Mouzin, Angèle Domece et Joanna Parrish soient joints aux autres dossiers. L'avocat de la famille d'Angèle Domece avait déjà fait une telle démarche il y a quelques mois.
Selon l'avocat de la famille d'Estelle Mouzin, Me Didier Seban, "Michel Fourniret ne dit pas qu'il est coupable mais ce n'est pas banal, un tueur en série qui dit : je veux qu'on me juge aussi pour ces affaires là. Il faut qu'il soit entendu". Fourniret affirme également qu'il "doit des explications" aux familles des trois jeunes filles et qu'il souhaite leur parler. Dans le dossier Estelle Mouzin, la "piste Fourniret" a déjà été explorée par les enquêteurs. Sans aboutir à des éléments concluants. Le tueur en série présumé a lui-même toujours nié sa responsabilité.
C'est ce qui fait craindre une nouvelle manipulation de la part de Michel Fourniret à Me Chemla. "Prendre ainsi la parole lui permet d'agir encore avec ses victimes. Il continue de jouir de la confrontation avec leurs parents. C'est un moyen de reprendre la main et de montrer que c'est lui le grand manipulateur" estime l'avocat de certaines familles de victimes.
Estelle Mouzin, 9 ans, a disparu à Guermantes en Seine-et-Marne, le 9 janvier 2003. Marie-Angèle Domece, une handicapée mentale de 19 ans, a disparu en 1988 dans l'Yonne, tandis que Joanna Parrish, 20 ans, a été tuée en mai 1990 dans ce département.