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Aude Vernuccio avec GM , modifié à
La mairie de Poissy propose depuis quelques jours à ses agents de quitter la fonction publique pour un nouveau projet contre une indemnité.
REPORTAGE

Comment réduire les effectifs de fonctionnaires sans licencier ? L'équation a priori complexe, semble avoir trouvé sa solution avec l'émergence d'une nouvelle tendance. La fonction publique propose en effet de plus en plus de plans de départs volontaires contre une somme d'argent, en fonction de l'ancienneté. Les agents territoriaux peuvent donc désormais quitter leur poste pour choisir le privé, à condition toutefois, d'avoir un projet de reconversion. Déjà appliqué à Rouen, en 2011 et au conseil départemental de l'Essonne cet hiver, ce type de plan est désormais en place depuis lundi à la mairie de Poissy. Europe 1 est allé à la rencontre des fonctionnaires de la ville.

"Une volonté d'indépendance". Depuis plusieurs semaines, c'était un défilé de fonctionnaires dans le bureau de monsieur le Maire. Chacun leur tour, ils viennent le consulter, d'eux-mêmes, pour demander s'il est possible de démissionner. Le maire a donc trouvé une solution dans un décret de 2009 qui permet aux collectivités de proposer des plans de départs volontaires à leurs agents. Validé en début de semaine par le conseil municipal de la ville, ce plan a été largement approuvé par la CFDT et a convaincu, notamment Thierry, agent territorial depuis plus de trente ans qui aide les particuliers à créer leur entreprise. Grâce à ses 70.000 euros d’indemnités, il va monter sa propre entreprise. "Les indemnités c'est le petit plus qui permettrait de monter le projet et de ne pas faire un emprunt bancaire. Cela fait un moment que je travaille avec le privé, alors je me suis dit 'pourquoi pas moi', pour me donner des ordres à moi-même et rendre compte à moi-même. C'est une volonté d'indépendance", explique-t-il.

Une solution gagnant-gagnant. "La fonction publique est capable de gérer la fonction publique de manière irresponsable, d'embaucher, de sur-embaucher, jusqu'à plus de 200 agents excédant", déplore Karl Olive, maire de Poissy qui estime dépenser 8 millions d'euros de trop par an. Pour lui, c'est un concept gagnant-gagnant qui "n'est, pour autant, pas un outil qui est là pour licencier des gens".

La CGT dénonce "un début de plan social". De son côté, Catherine Couturier, de la CGT Fonction publique des Yvelines craint l'introduction d'une notion de licenciement, presque économique pour un fonctionnaire et dénonce "un début de plan social déguisé". "Le risque, c'est que l'on mette la pression sur les agents qui sont en CDI. On privatise le service public et ça, c'est une première très grave dans la fonction publique", poursuit-elle en prévenant que cette mesure ne doit pas venir compenser la baisse constante des dotations de l'Etat et donc des budgets des collectivités.