Faut-il renoncer à certaines libertés pour plus de sécurité ?

Perquisition police état d'urgence
© MEHDI FEDOUACH / AFP
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M.B.
DÉBAT - En prolongeant l'état d'urgence pour trois mois, le gouvernement a fait le choix de rogner sur les libertés individuelles au nom de la sécurité des citoyens.

"Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux." Cette phrase, attribuée à l'Américain Benjamin Franklin, n'a pas convaincu les Français. Selon un sondage Ifop pour Le Figaro publié la semaine dernière, 84 % d'entre eux se disent en effet prêts à accepter davantage de contrôles et une certaine limitation de leurs libertés pour mieux garantir la sécurité.

"On ne peut pas faire autrement." Invitée sur Europe 1 ce mardi, la conseillère Les Républicains du 12e arrondissement de Paris, Corinne Tapiero, juge ainsi la situation après les attentats de Paris "suffisamment grave pour que des mesures soient prises". Pour elle, il est nécessaire "d'apprendre de nouveaux gestes, comme accepter qu'on fouille nos sacs." De son côté, Jean-Marie, un auditeur d'Europe 1, estime qu'on "ne peut pas faire autrement", alors que des terroristes sont toujours recherchés. Néanmoins, il lui semble primordial d'"encadrer" les pratiques sécuritaires.

Une consultation régulière de l'Assemblée nationale. Raquel Garrido, avocate et co-fondatrice du parti de gauche, regrette de son côté la prolongation de l'état d'urgence et le risque de "constitutionnaliser" ces mesures censées être provisoires. "Un état d'urgence qui se prolonge indéfiniment n'est plus vraiment un état d'urgence, argumente-t-elle. J'aurais été partisane de consulter l'Assemblée nationale tous les douze jours pour qu'elle puisse éventuellement suspendre l'état d'urgence."

Deux poids deux mesures. En outre, l'avocate fustige des consignes peu claires. "Le marché de Noël sur les Champs-Elysées est autorisé, mais les marches pour le climat ne le sont pas. Il ne peut pas y avoir deux poids deux mesures." Victor, un auditeur, va plus loin : "On inverse le processus judiciaire en faisant de tous des suspects potentiels. C'est grave et dangereux", juge-t-il, pointant du doigt la loi sur le renseignement.