La PMA, ça marche ? Ça se passe comment ? Et qui y a droit ?

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Eve Roger et Victor Dhollande, édité par Marthe Ronteix , modifié à
La PMA fonctionne-t-elle à tous les coups ? Comme palier la pénurie de dons de sperme ? Quelles sont les critères pour avoir accès à cette procréation médicalement assistée ? Comme fait une femme célibataire qui veut un enfant ? Deux journalistes du service société d'Europe 1 explorent ces questions au micro de Nikos Aliagas, mardi.
ON DÉCRYPTE

Qu'est-ce que la procréation médicalement assistée (PMA) ? Comment doit-elle être remboursée ? Combien de personnes sont concernées ? Alors que le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) rend mardi son avis consultatif sur l'extension de l'accès de la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires, de nombreuses questions se posent encore sur cette procédure. Eve Roger, cheffe du service société d'Europe 1 et Victor Dhollande du service reportage d'Europe 1 vont plus loin au micro de Nikos Aliagas. 

>> De 7h à 9h, c’est deux heures d’info avec Nikos Aliagas sur Europe 1. Retrouvez le replay ici

La PMA, de quoi s'agit-il ?

La procréation médicalement assistée (PMA) est une technique médicale qui consiste à aider un couple à faire un enfant quand il n'y arrive pas naturellement. Dans un cas sur trois, les couples ont recours à une insémination artificielle : le médecin introduit des spermatozoïdes dans l'utérus de la femme pour y féconder un ovule. Et dans les deux tiers restants des cas, il s'agit d'une fécondation in vitro (FIV). Dans ce cas, le médecin organise la rencontre de l'ovule et des spermatozoïdes en laboratoire. Il fabrique ainsi un œuf qu'il implante ensuite dans l'utérus de la femme.

En 2018, un enfant sur 30 a été conçu de cette manière, selon l'Institut national des Études démographiques (INED). Un chiffre qui progresse régulièrement depuis la naissance d'Amandine, le premier bébé éprouvette, en 1982. On estime qu'en 2019, 400.000 enfants en tout seront nés en France d'une PMA.

Tous les couples ont-ils accès à cette procédure aujourd'hui ?

Les couples de femmes et les femmes célibataires n'y sont pas autorisées en France et c'est tout l'objet de l'avis du CCNE. Seuls les couples hétérosexuels en couple depuis au moins deux ans et ayant des problèmes de fertilité médicalement constatés peuvent y avoir recours. Un couple sur 10 est dans cette situation. Quatre tentatives sont alors remboursées par la Sécurité sociale. Le coût moyen d'une PMA s'élevant à plus de 4.000 euros.

Et cela est-il efficace ?

Ce n'est pas une science exacte. Seuls 20% des tentatives sont couronnées de succès, soit une sur cinq. Et seulement la moitié des couples finissent par avoir un bébé au bout de plusieurs tentatives et à l'issue d'un parcours souvent long et douloureux.

Que peut changer l'extension de la PMA à toutes les femmes ? 

Pour les couples de femmes ou femmes célibataires, il faudra recourir à un don de sperme dans 100% des cas, contre 5% pour les couples hétérosexuels. Or aujourd'hui, il y a pénurie. Faute de donneurs, il y a déjà 13 mois d'attente. Et si la PMA est étendue, il faudra ajouter entre 1.500 et 2.000 femmes environ chaque année. Alors en attendant, ces femmes se tournent vers l'étranger. Elles choisissent principalement la Belgique ou l'Espagne, soit pour avoir accès à la PMA qui est autorisée dans ces pays, soit pour y trouver du sperme. 

PMA : "C'est vraiment une démarche d'amour", Marie a décidé de faire un bébé toute seule

TÉMOIGNAGE - Marie, 38 ans et célibataire, a décidé de faire un bébé toute seule

Du sperme disponible sur Internet. Face à cette demande, tout un marché noir de la PMA s'est organisé à l'étranger. Aujourd'hui on peut même acheter du sperme sur Internet. C'est l'option qu'a choisie Marie 38 ans, sur les conseils d'amies lesbiennes. Sans compagnon et lassée d'attendre, la jeune femme a décidé de faire un bébé toute seule. Sur un site Internet danois, elle peut sélectionner son donneur en fonction de son métier, de sa couleur de peau, de ses yeux, de ses cheveux... Elle peut même entendre sa voix.

"Il y a une dimension extrêmement personnelle", observe Marie au micro de Victor Dhollande. "En entendant le son de la voix, en voyant des photos d'eux enfant, on a une idée de ce qu'est le géniteur de son enfant et il n'est finalement pas complètement inexistant."

Une procédure coûteuse et qui demande un médecin compréhensif. Le prix de ce don dépend des critères que Marie va retenir et surtout de la qualité du sperme qui est testé en amont. L'échantillon coûte entre 1.000 et 6.000 euros. Une fois la commande passée, la trentenaire recevra un colis par la poste. Marie a déjà trouvé la gynécologue française qui accepte de pratiquer l’insémination artificielle pour une PMA discrète.

"C'est le même bouche-à-oreille qu'avant de la loi Veil où des gynécos acceptaient de pratiquer l'avortement. Tu décroches ton téléphone, tu prends rendez-vous et tu expliques ton projet. Tu n'es pas super à l'aise parce que tu ne sais pas trop si tu es dans l'illégalité ou pas. Et puis tu te retrouves devant un médecin qui t'expliques que 'oui elle le fait' et qu'elle t'aidera, qu'elle a tout à fait conscience que si tu es assise dans son cabinet c'est que tu as besoin d'aide."

"C'est vraiment une démarche d'amour". Néanmoins ce n'est pas si simple. Marie se pose de nombreuses questions notamment sur l'absence de figure paternelle, la difficulté d’élever un enfant seule etc. Elle est aussi un peu effrayée par la violence des débats, le combat de la Manif pour tous ou encore les pétitions de gynécologues opposés à la PMA. "Il y a plein de familles différentes et il y a plein d'enfants heureux. Dans mon cas, c'est vraiment une démarche d'amour même si je suis seule, choisir de faire un enfant n'est qu'une question d'amour."