Existence d'un "cabinet noir" : la réponse du patron de la DACG

Robert Gelli répond aux accusations sur l'existence d'un "cabinet noir" autour de François Hollande.
Robert Gelli répond aux accusations sur l'existence d'un "cabinet noir" autour de François Hollande. © AFP
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M.L avec Alain Acco , modifié à
Dans une lettre envoyée à tous les procureurs et procureurs généraux, Robert Gelli, directeur des affaires criminelles et des grâces, dénonce des "allégations mensongères" et des "propos calomnieux". 

L'expression a été exhumée par François Fillon lui-même, lors de son passage sur le plateau de "l'Émission politique", fin mars. "On cherchait un cabinet noir, on l'a trouvé", a asséné le candidat LR à l'élection présidentielle, s'estimant victime d'un système organisé autour de François Hollande, qui suivrait toutes les procédures politico-judiciaires visant ses adversaires. Depuis, les proches du député de Paris, mis en examen dans le dossier des emplois fictifs présumés de son épouse et de ses enfants, ne cessent d'évoquer ce "cabinet noir", qui serait à l'origine de l'affaire Fillon. 

Lassé, l'un des principaux accusés a décidé de riposter. Robert Gelli, ancien procureur et patron de la direction des affaires criminelles et des grâces (DACG), a adressé une lettre à tous les procureurs et procureurs adjoints de France. Le document, qu'Europe 1 a pu consulter, dénonce des "allégations mensongères" et des "propos calomnieux". 

"Bienvenue place Beauvau" dans le viseur. "Depuis quelques jours, s'appuyant sur la parution d'un livre intitulé 'Bienvenue place Beauvau', plusieurs articles de presse, propos et commentaires mettent en doute le respect de la loi par la direction des affaires criminelles et des grâces, que j'ai l'honneur de diriger", commence Robert Gelli, qui déplore que la DACG ait été décrite comme "une officine à la solde des plus hautes autorités". Écrit par les journalistes Olivia Recasens, Didier Hassoux et Christophe Labbé, l'ouvrage, paru fin mars et dans lequel le nom de Robert Gelli est explicitement mentionné, est cité par tous les défenseurs du "cabinet noir". 

"Je relève que les auteurs du livre sont dans l'incapacité d'étayer leurs allégations autrement que par deux propos très généraux et imprécis (...)", poursuit le directeur. Et de s'interroger : "Comment imaginer que des procureurs généraux, des magistrats du parquet en charge d'enquêtes, des juges d'instruction, des juges du fond et du droit de la première instance, des cours d'appel et de la chambre criminelle de la Cour de cassation, appliqueraient des instructions occultes, de nature à détourner ou entraver le cours de la justice ?" 

Un "strict encadrement de la remontée d'information". Dénonçant une "insupportable insulte au professionnalisme de l'institution judiciaire dans son ensemble", Robert Gelli assure que "tous les magistrats de la DACG" respectent "scrupuleusement" la loi du 25 juillet 2013, "prohibant les instructions (du ministre de la Justice, ndlr) dans les dossiers individuels". Le magistrat reconnaît des liens entre le ministère et les parquets, mais selon un "strict encadrement de la remontée d'informations" et pour "une seule finalité : permettre au garde des Sceaux de remplir les missions que la loi lui confère." 

"Les chiffres parlent d'eux-mêmes : de plus de 50.000 affaires suivies en 2012, nous avons drastiquement réduit ces affaires signalées à moins de 8.000 en 2017, qui concernent pour la plupart des affaires liées au terrorisme et à la criminalité organisée", conclut Robert Gelli. "Plus que jamais, mon engagement reste total pour l'indépendance du ministère public et l'exercice de de l'action publique, au moment où la probité de l'institution judiciaire est si violemment attaquée."