Evrard est inaccessible aux soins selon les psychiatres

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Les psychiatres de la prison de Caen ont été entendus par la cour d'assises du Nord. Ils affirment qu'Evrard ne veut pas être soigné.

La journée a été éprouvante pour les jurés de la cour d'assises du Nord, qui juge depuis lundi Francis Evrard pour l'enlèvement, la séquestration et le viol du petit Enis en 2007 à Roubaix. Après le témoignage vidéo de la petite victime et de son père, Francis Evrard a exprimé des regrets bien qu'il n'ait pu réprimer un sourire en regardant Enis à la télévision.

Le témoignage des psychiatres de la prison de Caen qui a suivi a été sans appel. Francis Evrard y a effectué 20 ans de réclusion pour viols sur mineur, jusqu'au 2 juillet 2007, six semaines avant l'enlèvement d'Enis. Il a souvent accusé la justice de n'avoir jamais fait droit à ses demandes de castration chimique. Mais les experts ont affirmé à la barre qu'il "ne voulait pas être soigné".

Dans un rapport alarmiste sur les risques de récidive d'Evrard en 2006, le docteur Philippe Lorteau le décrivait comme un "sujet pédophile pervers" qui "refuse la prescription d'une thérapie hormonale" et n'est "probablement pas accessible à un suivi psychothérapeutique". S'agissant des "pulsions" dont l'accusé fait état, le médecin a affirmé mardi devant la cour que "chacun garde son libre-arbitre face aux pulsions, y compris les pervers sexuels". Sa conclusion est pessimiste : "Je ne suis pas sûr qu'on puisse aider toutes les personnes atteintes de perversions sexuelles aussi préoccupantes".

Le docteur Jean-Pierre Choquet, qui avait examiné Evrard en 2000 puis 2002 à Caen, estime de son côté qu'il "est accessible aux soins comme tout le monde, mais à condition de le vouloir. Le problème des pervers, c'est qu'ils ne veulent pas évoluer". La castration chimique "aide à diminuer la libido et empêche le passage à l'acte sexuel, mais ça n'empêche pas la tête de fonctionner et d'avoir des pensées perverses et d'utiliser d'autres moyens pour assouvir sa perversion", a-t-il dit. Concernant la castration physique réclamée par l'accusé dans un courrier à Nicolas Sarkozy en septembre, le docteur Choquet estime qu'il s'agit d'un "effet d'annonce d'un pervers qui se pose en victime".