Essonne: le déremboursement des repas aux collégiens qui font le ramadan critiqué

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Le conseil départemental, dominé par la droite, a adopté fin mai un texte pour que les 100 collèges publics de l'Essonne appliquent le même règlement intérieur.  

Le département de l'Essonne a décidé de ne plus rembourser les repas de certains collégiens absents à la cantine. La mesure qui s'appliquera notamment aux enfants qui font le ramadan dès la rentrée prochaine est vivement critiquée par l'opposition départementale. Le conseil départemental, dominé par la droite, a adopté fin mai un texte pour que les 100 collèges publics de l'Essonne appliquent le même règlement intérieur.  

Dans ses annexes, le document prévoit l'arrêt du remboursement des repas aux familles lors de certaines absences de l'élève à la cantine. Par exemple, lorsqu'elles sont motivées par des vacances anticipées, par un stage en entreprise non obligatoire, ou parce que le collégien est rentré chez lui plus tôt à cause de l'absence d'un professeur. Mais aussi lorsque son absence est liée à des "convictions personnelles", explique le document. "Ça stigmatise une partie de la population : celle qui fait le ramadan", s'indigne David Ros, maire socialiste d'Orsay et chef de file de l'opposition départementale. Ses élus ont accusé la majorité de "détourner la laïcité", dans un récent communiqué.

"La laïcité, ce n'est pas la République qui s'adapte à toutes les religions, mais un service public identique pour tous, quelle que soit la religion", s'est défendu le président du conseil départemental, François Durovray (LR). "Avant chaque collège avait son propre règlement et le remboursement se faisait au cas par cas, c'était une rupture d'égalité choquante", justifie-t-il. Le patron de la collectivité rappelle que ce sont "les gestionnaires de collège qui ont réclamé une harmonisation des règlements". En Essonne, les familles règlent selon lui en moyenne 25% du coût réel du repas à la cantine. Le reste est financé par le département.

"La question lorsqu'on est absent pour convenance personnelle, c'est de savoir si c'est à l'usager ou au contribuable de payer", estime l'élu, sans pouvoir évaluer combien de familles sont concernées. Il s'étonne d'une "polémique déclenchée un mois après un vote où l'opposition s'est abstenue". "Nous n'étions pas opposés à une harmonisation globale des règlements", rétorque David Ros. "Mais ce point sur la restauration est passé inaperçu et nous remonte comme un problème, maintenant que les collèges adoptent le règlement en conseil d'administration".

La mesure concernerait selon lui "moins de 10%" des 57.000 collégiens du département. "Ce qui risque de se passer, c'est que ces familles ne vont plus s'inscrire à la cantine au troisième trimestre, pour éviter de payer un mois pour rien", craint-il.