Eric Dupond-Moretti "supplie" la cour d'appel de ne pas envoyer Jérôme Cahuzac en prison

La décision concernant Jérôme Cahuzac a été mise en délibéré, mercredi.
La décision concernant Jérôme Cahuzac a été mise en délibéré, mercredi. © Eric FEFERBERG / AFP
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Pierre de Cossette avec M.L , modifié à
L'avocat de l'ancien ministre, jugé pour fraude fiscale, a axé sa plaidoirie mercredi sur la "punition" déjà subie par son client, qui selon lui n'a "plus rien".  

Plus qu'une demande, c'est une supplique. Eric Dupond-Moretti le dit et le répète : Jérôme Cahuzac a déjà payé, il a même été exceptionnellement puni. Alors l'avocat implore la cour d'épargner la détention à son client. "S'il se flingue en taule... Je ne veux pas faire du chantage, mais quand même..."

La possibilité d'un aménagement de peine. L'enjeu est lourd, au dernier jour du procès en appel de l'ancien ministre du Budget, jugé pour fraude fiscale. Si l'homme était condamné à trois ans de prison - comme l'avait décidé le tribunal correctionnel en 2016, et comme l'a requis l'avocat général, mardi -, il passerait forcément par la case détention. En cas de condamnation à deux ans ou moins en revanche, un aménagement de peine serait possible. 

Une référence à... Johnny Hallyday. Alors, dans sa plaidoirie, Eric Dupond-Moretti disserte sur le sens de la peine et attaque frontalement le parquet, qui a accusé Jérôme Cahuzac d'avoir "rompu l'équilibre social". Sans jamais citer son nom, l'avocat fait même référence à Johnny Hallyday : "on a bien rendu un hommage national à quelqu'un qui a passé sa vie à changer de pays pour payer moins d'impôts." Il s'étonne aussi que l'héritière de l'empire cosmétique L'Oréal, Liliane Bettencourt, n'ait pas été poursuivie bien qu'ayant reconnu une évasion fiscale.

Un homme "seul" et "détruit". Le conseil égrène aussi les condamnations déjà prononcées pour de la fraude fiscale : sursis, sursis et encore sursis. Pourquoi donc Jérôme Cahuzac serait-il condamné plus lourdement ? Pour l'avocat, son client s'est retrouvé totalement prisonnier de son mensonge, avec de l'argent qu'il a traîné "comme un boulet" et dont il n'a rien fait. Eric Dupond-Moretti insiste : l'ancien ministre est homme "détruit", et "seul". Et cite pour preuve cette anecdote : lors de la préparation du procès, quand le prévenu venait à son cabinet, il s'installait pendant "des heures", au point que les secrétaires ne savaient plus "quoi en faire".

Une peine "qui permet le rachat". "La juste peine c'est celle qui (...) n'accable pas plus que nécessaire un homme cassé, fracassé, celle qui permet le rachat, celle qui autorise un avenir", tonne encore le ténor du barreau. "Je ne demande pas la lune. Je suggère même d'aggraver la peine, mais je vous supplie de ne pas l'envoyer en prison." La décision a été mise en délibéré. Elle sera rendue le 15 mai.