Enquête après une plainte contre les cigarettiers accusés de tricher sur les taux de goudron

Selon l'association, les cigarettiers mettent de petits trous dans les filtres.
Selon l'association, les cigarettiers mettent de petits trous dans les filtres. © NOEL CELIS / AFP
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avec AFP , modifié à
La justice française a ouvert une enquête après la plainte d'une association qui accuse quatre cigarettiers de tricher sur les taux de goudron et de nicotine.

Le parquet de Paris a ouvert une enquête à la suite d'une plainte du Comité national contre le tabagisme (CNCT) visant quatre fabricants de cigarettes, accusés de tricher sur les taux de goudrons et nicotine, a appris jeudi l'AFP de source judiciaire. Cette plainte pour "mise en danger de la vie d'autrui" a entraîné l'ouverture d'une enquête préliminaire le 20 avril, confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne de la police judiciaire parisienne.

Des "micro-orifices" dans les filtres. "On attend avec impatience la possibilité pour le CNCT et les victimes du tabac de se constituer partie civile", a réagi Pierre Kopp, avocat de cette association de lutte contre le tabagisme. Déposée le 18 janvier, la plainte vise les filiales françaises des quatre grands cigarettiers, Philip Morris, British American Tobacco, Japan Tobacco International et Imperial Brands (dont Seita est une filiale). Dans un communiqué diffusé en février, le CNCT pointait du doigt "l'existence de minuscules trous" dans les filtres de cigarettes destinés à "falsifier les tests" en agissant comme un "système de ventilation invisible". "Ce dispositif de micro-orifices dans le filtre des cigarettes empêche les autorités de savoir si les seuils de goudron, de nicotine, et de monoxyde de carbone qu'elles ont fixés sont dépassés", selon le CNCT. 

Des taux de goudron et nicotine supérieurs. Selon sa plainte, "la teneur réelle en goudron et nicotine inhalée par les fumeurs serait entre 2 et 10 fois supérieure pour le goudron et 5 fois supérieure pour la nicotine". "Les fumeurs qui pensent fumer un paquet par jour en fument en fait l'équivalent de deux à dix", poursuit le CNCT. Selon lui, les micro-trous dans les filtres font baisser le taux des substances dangereuses uniquement lorsque la cigarette est testée par une machine et pas quand elle est fumée par un individu, car les perforations au laser sont alors bloquées par les doigts et les lèvres du fumeur. L'existence de "trous de ventilation" dans les filtres à cigarettes existe depuis la fin des années 1950, selon le CNCT. "Aujourd'hui, 97% des cigarettes comportent des perforations invisibles du filtre", souligne-t-il. La mention des taux de goudron et de nicotine a disparu depuis l'apparition du paquet neutre le 1er janvier 2017. Le tabac cause quelque 75.000 décès par an en France.