"Il n'y a rien de récupérable" : revivez la matinale spéciale d'Europe 1 dans l'Aude

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Marie, habitante de Villegailhenc, a témoigné au micro de Nikos au côté du maire de son village, mardi matin. © Europe 1
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Margaux Lannuzel , modifié à
Au lendemain des inondations meurtrières dans l'Aude, Nikos Aliagas et la rédaction étaient en direct de la commune de Villegailhenc, mardi matin. 

"On n'a plus rien, plus rien." C'est depuis une Aude meurtrie que Nikos Aliagas a présenté une matinale spéciale, mardi matin. Pendant deux heures, les équipes d'Europe 1 sont allés à la rencontre des victimes des inondations qui ont coûté la vie à au moins onze personnes, à la suite de violents orages.

Les informations à retenir

  • "Ce n'est pas mon village, ça n'est pas possible" : au micro d'Europe 1, les habitants de l'Aude ont mesuré l'ampleur des dégâts, mardi matin
  • "S'il y a des choses qui ont été mal faites par l'Etat ou par d'autres, nous le reconnaîtrons", a assuré le ministre de la Transition écologique François de Rugy
  • "L'urgence ce matin pour les personnes, c'est de commencer à nettoyer", a estimé le maire de Villegailhenc, alors que trois personnes sont toujours portées disparues dans la région

Les pompiers toujours au travail. "Il y a eu du personnel toute la nuit, il va y en avoir encore toute la journée", a expliqué à Europe 1 le lieutenant colonel des sapeurs pompiers Michaël Bernier, mobilisé dans l'Aude. Les opérations ne mobilisent plus d'hélicoptère, mardi, bien que trois personnes soient toujours portées disparues. "Nous espérons les retrouver en vie", a souligné le secouriste. "Malheureusement, dans ce genre de situation à part si elles étaient à l'abri dans un endroit qui n'a pas encore été exploré ou si elles ont pu quitter la zone, les chances sont quand même minces."

10.000 habitants restaient privés d'eau potable, mardi matin dans l'Aude. L'électricité n'avait toujours pas pu être rétablie dans 15.000 foyers et tous les établissements scolaires du département, toujours en vigilance rouge, restaient fermés. 

"C'est monté à une vitesse affolante". À Villegailhenc, l'un des villages les plus durement touchés, notre journaliste Benjamin Peter a décrit des rues remplies de meubles, de livres gonflés par la boue et de jouets d'enfants entassés devant les maisons. Personne n'y avait jamais vu une vague semblable à celle qui s'est abattue dans la nuit de dimanche à lundi. "C'est monté à une vitesse affolante, j'ai appelé mon chien et je n'ai eu le temps de rien prendre", a témoigné un habitant interrogé par Europe 1. "Je vois ça et je me dis ce n'est pas mon village ce n'est pas possible." 

Nikos Aliagas aux côtés de Nathalie et Pascal : "on a essayé de sauver nos peaux"

"On s'est réfugiés chez ma maman qui habite un peu plus haut dans le village et qui a eu moins de dégâts que nous", a raconté au micro de Nikos Nathalie, également touchée par les inondations. "On peut voir que l'eau a traversé les plafonds", a expliqué l'habitante de Villegailhenc, ne pouvant que constater les dégâts dans sa maison : "La télé, les consoles de jeu des enfants, le vidéoprojecteur, le home cinéma... (...) On n'a plus rien, plus rien." 

La ville de Trèbes à nouveau frappée. À quelques kilomètres de là, à Trèbes, déjà touchée par un attentat terroriste en mars, sept personnes sont décédées dans les intempéries. Enzo, un habitant interrogé par notre envoyé spécial sur place, a confié penser déjà à déménager : "après l'attentat, déjà, on a eu du mal à surmonter tout ça. Là, on commençait juste à être bien dans notre maison et il se passe ces inondations. Je ne resterai pas dans cette maison." 

Selon les informations d'Europe 1, deux des personnes décédées lundi Trèbes sont les parents de la veuve de Jean Mazières, l'une des victimes de l'attentat. Il y a 7 mois, elle perdait son mari, première victime du périple meurtrier du terroriste Radouane Lakdim à Trèbes, abattu dans une voiture sur un parking à l’entrée de Carcassonne. Ses parents, âgés de 91 et 94 ans, ont eux péri dans les inondations qui ont touché la ville. 

L'Etat reconnaîtra d'éventuelles erreurs, assure de Rugy. "La prévision météorologique n'est pas une sciences exacte", a justifié auprès d'Audrey Crespo-Mara le ministre de la Transition écologique François de Rugy, interrogé sur la polémique autour du déclenchement tardif de l'alerte rouge, intervenu alors que la pluie tombait déjà depuis plusieurs heures, lundi matin. "Nous avons beaucoup progressé ces dernières années, nous avons prévu d'investir dans un super calculateur à Météo France, en service en 2020, qui sera cinq fois plus puissant pour affiner encore les prévisions", a expliqué le ministre, assurant que "s'il y a des choses qui ont été mal faites par l'Etat ou par d'autres, nous le reconnaîtrons."

"Les gens s'imaginent peut-être que c'est une rivière qui traverse la ville, mais ce sont de petits cours d'eau, très encaissés", a détaillé le spécialiste météo d'Europe 1, Laurent Cabrol. "Ils sont tellement petits, tellement étroits, que lorsque les pluies arrivent en force ils se remplissent à une vitesse énorme. C'est ce que l'on appelle les crues éclair."

"L'urgence, c'est de commencer à nettoyer". "C'est du jamais vu, c'est difficilement excusable. On ne s'explique pas cette quantité d'eau en si peu de temps", a abondé auprès de Nikos Michel Proust, le maire de Villegailhenc. "L'urgence ce matin pour les personnes, c'est de commencer à nettoyer. Il y a de nouveau des pompiers qui vont arriver, il y a des militaires sur place aussi, des employés municipaux, et il y a une forte solidarité qui s'est engagée dans le village." Marie, une habitante sinistrée chez qui "il n'y a rien de récupérable", a confirmé : "Il faut soutenir les gens, leur montrer qu'on est là, qu'on n'a pas peur de mettre les bottes, de sortir les meubles."

Nikos Aliagas a rencontré Marie : "il faut que les gens viennent nous aider"

Comment faire si on veut venir en aide aux victimes ? "Pour celles et ceux qui veulent envoyer des vivres ou des vêtements, il faut se rapprocher des municipalités", a expliqué à Nikos le commandant des pompiers Grégory Macquart. "Ceux qui veulent prêter main forte aux opérations de nettoyage, je les invite à venir sur les différents villages, armés de pelles et de raclettes plutôt que de téléphones portables."