100 ans après l'armistice de 1918, Emmanuel Macron et Angela Merkel réaffirment l'amitié franco-allemande

Emmanuel Macron Donald Trump 1280 Ludovic MARIN / AFP
Emmanuel Macron et Angela Merkel ont tenu à réaffirmer la réconciliation franco-allemande à l'occasion du centenaire de l'armistice de 1918. © PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP
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avec AFP , modifié à
Après une "itinérance mémorielle" de six jours au cours de laquelle Emmanuel Macron a sillonné onze départements, le président français a rencontré samedi Donald Trump, Angela Merkel et plusieurs chefs d'Etat.

En ce week-end de commémorations du centenaire de l'armistice de la Première Guerre mondiale, le chef de l'État a rencontré Donald Trump à l'Élysée, avant de présider une cérémonie avec la chancelière allemande, à l'endroit même où a été signé le texte de paix de la Grande Guerre en 1918. Emmanuel Macron a ensuite accueilli dans la soirée une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement pour un dîner protocolaire, avant la grande cérémonie prévue dimanche matin à l'Arc de Triomphe. 

Les principales informations à retenir :

  • Le marathon mémoriel des 100 ans de l'armistice de la Première Guerre mondiale d'Emmanuel Macron s'achève ce week-end 
  • Le président a reçu samedi à l'Élysée Donald Trump, où ils ont tenu une brève conférence de presse sur des questions de défense
  • Emmanuel Macron et la chancelière allemande ont ensuite commémoré l'armistice de 1918, sur le site où a été signé le texte de paix

Avec Donald Trump, la volonté d'aplanir les tensions sur la défense

Des tensions vendredi. Tant pis pour les conventions et la bienséance attendues pour les commémorations de paix. En posant le pied à Paris vendredi, Donald Trump a attaqué bille en tête Emmanuel Macron sur une phrase prononcée mardi, lors de son entretien exclusif accordé à Europe 1. "Le président Macron vient de suggérer que l'Europe construise sa propre armée pour se protéger contre les Etats-Unis, la Chine et la Russie. Très insultant mais peut-être que l'Europe devrait d'abord payer sa part à l'OTAN que les Etats-Unis subventionnent largement !", a taclé Donald Trump sur Twitter. Selon le président américain, une grande partie de l'Europe s'abrite sous le bouclier américain depuis l'après-guerre, sans payer un prix satisfaisant.

La main tendue d'Emmanuel Macron. Sitôt arrivés au Palais de l'Elysée à 11h samedi, Emmanuel Macron et Donald Trump ont tenu à montrer que l'heure était à l'apaisement sur cette épineuse question militaire. "Je partage l'avis du président Trump : nous avons besoin de partager le financement de notre défense. Ce n'est pas juste que la sécurité européenne soit uniquement financée par les Etats-Unis", a déclaré en anglais le président français, tout en maintenant sa volonté de créer une défense européenne. Emmanuel Macron veut "une Europe qui puisse prendre davantage la part du fardeau commun au sein de l'Otan." Actuellement, les Etats-Unis finance environ 70% du budget de l'Otan, quand la France y contribue à hauteur de 10%. 

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©AFP

Des sourires légers. Si les sourires sont restés légers et les poignées de main plus courtes, les deux hommes ont montré dans leurs réponses qu'ils souhaitaient désamorcer les tensions. A plusieurs reprises, Emmanuel Macron a touché le genou de Donald Trump... Ce dernier, plus renfrogné, ne lui a pas rendu ces marques d'affection. Plusieurs de leurs sujets d'anicroche, parmi lesquels le nucléaire iranien et les relations commerciales, ont été également évoqués au cours de cet entretien de trois heures.

Donald Trump et son épouse Melania ont ensuite quitté l'Élysée vers 14h, après un déjeuner avec Brigitte et Emmanuel Macron... dans une atmosphère pour le moins enfumée par les pots d'échappement de la voiture présidentielle américaine, aux dimensions hors-normes :

Trump annule la visite d'un cimetière américain. Le président américain devait ensuite se rendre dans le nord de la France au cimetière américain du Bois Belleau. Mais en raison du mauvais temps, la Maison-Blanche a annoncé que cette visite était annulée. Le couple Trump n'avait rien d'autre de prévu à son agenda samedi et est retourné à la résidence de l'ambassadeur. Ce changement de programme, officiellement justifié par la difficulté de faire voler sous la pluie l'hélicoptère présidentiel Marine One, a provoqué de multiples réactions indignées sur les réseaux sociaux. 

Avec Angela Merkel, l'image de la solide amitié franco-allemande

Une cérémonie sobre et mémorielle. Emmanuel Macron a de son côté pris le chemin de la "clairière de Rethondes" près de Compiègne, au nord de Paris, pour y retrouver la chancelière allemande Angela Merkel, pour une cérémonie très symbolique. C'est la première fois depuis 1945 que le président français et le chef du gouvernement allemand se rencontraient dans ce mémorial. C'est ici que le 11 novembre 1918 fut signé l'armistice de la Grande Guerre dans un wagon-restaurant. La cérémonie, sobre et sans discours, a été marquée par un passage en revue des troupes, l'interprétation des hymnes allemand, français et européen, un dépôt de gerbe et l'inauguration d'une nouvelle plaque commémorative, au pied du monument de la "Dalle sacrée", au milieu de la clairière. 

plaque 1280

©Capture d'écran BFMTV

"À l'occasion du centenaire de l'armistice du 11 novembre 1918, Monsieur Emmanuel Macron, Président de la République Française, et Madame Angela Merkel, Chancelière de la République Fédérale d'Allemagne, ont réaffirmé ici la valeur de la réconciliation franco-allemande au service de l'Europe et de la paix", est-il écrit sur cette petite plaque. Une inscription nettement moins martiale que les termes toujours gravés sur la "Dalle sacrée" : "Ici le 11 novembre 1918 succomba le criminel orgueil de l'empire allemand vaincu par les peuples libres qu'il prétendait asservir".

Dans le wagon de l'armistice. Emmanuel Macron et Angela Merkel ont ensuite pris place dans une réplique du wagon-restaurant où avait été signé l'armistice du 11 novembre 1918. Ils y ont signé un livre d'or, symbole de la réconciliation franco-allemande : 

wagon diapo

©PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP

Ils ont ensuite discuté avec un groupe de jeunes, Emmanuel Macron leur disant la nécessité selon lui d'être "à la hauteur" de ce que clamaient les contemporains de la Grande Guerre : "Plus jamais ça !" Il faut "ne rien céder aux passions tristes, aux tentations de la division", a déclaré le président français, répétant son message politique en faveur de plus de coopération dans une Europe où les électeurs se tournent de plus en plus vers des courants hostiles à l'intégration européenne.

Dîner protocolaire. Dans la soirée, le couple Macron a reçu au musée d'Orsay, à Paris, une cinquantaine de chefs d'État, de gouvernement et d'institution, pour un dîner protocolaire. Ont notamment été conviés les couples Donald et Melania Trump, Theresa et Philip May, Angela Merkel et Joachim Sauer. Mais aussi de très nombreux représentants de pays africains, asiatiques, européens. Des chefs d'Etat attendus pour la plupart à la grande cérémonie dimanche matin à l'Arc de Triomphe pour commémorer le centenaire de l'armistice de 1918, ainsi qu'au Forum sur la paix l'après-midi, où Emmanuel Macron devrait réaffirmer sa volonté de gouvernance multilatérale