En cas d'ouverture de la PMA, le droit français pourrait distinguer la filiation biologique et la filiation juridique

Le Conseil d'Etat propose de régler la question de la filiation pour les enfants de couples de femmes nés par PMA avec un mécanisme dédié.
Le Conseil d'Etat propose de régler la question de la filiation pour les enfants de couples de femmes nés par PMA avec un mécanisme dédié. © THOMAS SAMSON / AFP
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avec AFP , modifié à
Le Conseil d'Etat, qui se prononce sur les aspects juridiques de l'ouverture de la PMA aux couples de femmes, estime qu'elles devront, au moment de la déclaration de naissance, présenter un acte notarié pour pouvoir établir chacune leur filiation à l'enfant.

En cas d'ouverture de la PMA aux couples d'homosexuelles, les deux femmes devraient être reconnues comme mères grâce à une déclaration commune anticipée rédigée avant la naissance de l'enfant, préconise mercredi le Conseil d'Etat. Cette proposition figure dans un rapport sur les aspects juridiques de la prochaine révision de la loi de bioéthique, commandé par le Premier ministre Edouard Philippe.

Vers une dissociation des aspects biologiques et juridiques de la filiation ? Cette solution conduirait, "pour la première fois en droit français, à dissocier radicalement les fondements biologique et juridique de la filiation d'origine, en prévoyant une double filiation maternelle", écrit la plus haute juridiction administrative. Le rôle du Conseil d'Etat n'est pas de se prononcer pour ou contre une éventuelle réforme de la PMA mais de réfléchir à son cadre juridique. "Le Conseil d'Etat ne prend pas parti, il n'a pas à choisir à la place du Parlement. Mais il déroule toutes les options possibles et dit quelles seraient les conséquences", a expliqué le vice-président du Conseil d'Etat, Bruno Lasserre.

Un choix politique. Du strict point de vue du droit, "rien n'impose au législateur d'ouvrir aux couples de femmes et aux femmes seules" l'accès à la procréation médicalement assistée (PMA), mais rien n'impose non plus le "statu quo", souligne le Conseil d'Etat. Il s'agit donc d'un choix politique. Si le Parlement décide de permettre aux couples de femmes d'avoir recours à la PMA, la question de la filiation se posera. Le Conseil d'Etat propose donc de la régler par un mécanisme réservé à ces couples. Au moment de la déclaration de naissance, il faudra transmettre à l'officier d'état civil une "déclaration commune anticipée notariée", afin "d'établir simultanément la filiation à l'égard des deux membres du couple".

Un risque de pénurie de gamètes. Par ailleurs, si le législateur décide d'ouvrir la PMA à toutes les femmes, le Conseil d'État estime qu'elle doit leur être remboursée par la Sécurité sociale au même titre que pour les couples hétérosexuels infertiles. Il se base pour cela sur le "principe de solidarité" et souligne que "l'enjeu financier est relativement modeste". L'élargissement de la PMA pourrait conduire à une pénurie de gamètes, prévient le Conseil d'Etat.

La GPA, contraire au modèle bioéthique français. Enfin, à l'inverse de la PMA, la GPA (gestation pour autrui, c'est-à-dire le recours à une mère porteuse) est "frontalement contraire" à des "principes fondateurs du modèle bioéthique français", juge le Conseil d'Etat. Son rapport fait partie des avis consultatifs demandés par le gouvernement avant de réviser la loi de bioéthique, début 2019.