Éducation sexuelle à l'école : comment l'enseigne-t-on au primaire et au collège ?

Les cours d'éducation sexuelle sont prévus à l'école depuis la loi de 2001. Image d'illustration.
Les cours d'éducation sexuelle sont prévus à l'école depuis la loi de 2001. Image d'illustration. © FRANCOIS LO PRESTI / AFP
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et Virginie Salmen, édité par Antoine Terrel , modifié à
Alors que l"éducation sexuelle à l'école reste souvent négligée, et suscite polémiques et rumeurs, le gouvernement veut appeler les rectorats à mieux appliquer la loi. 

Au cœur de beaucoup de fantasmes, l’éducation à la sexualité à l'école a suscité polémiques et rumeurs sur les réseaux sociaux la semaine dernière. Et pour améliorer l'application de cet enseignement, la secrétaire d'État à l'Égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa, et le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, enverront aux recteurs une circulaire insistant sur la nécessité de mettre en oeuvre la loi de 2001, peu appliquée jusqu'à présent. Europe 1 fait le point sur le contenu de ces enseignements.

"Les professeurs ne se sentent pas toujours à l'aise". En effet, ces enseignements passent souvent à la trappe, et ce alors qu'en vertu de la loi de 2001, les élèves doivent suivre trois séances par an, de la primaire jusqu'au lycée. Mais les professeurs ne se sentent pas toujours à l'aise pour aborder ces sujets délicats avec leurs élèves, et les familles religieuses n’acceptent pas du tout qu'on parle de ces choses là à l'école. 

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A l’école primaire, il n’est pas question d’une éducation sexuelle explicite mais d’insister sur les notions de respect d’autrui, de connaissance de son corps. Mais souvent, les parents ne sont pas au courant, comme Thomas, qui attend à la sortie de l’école ses jumeaux de 10 ans. Son ainé Soren, en CM1, n’a jamais entendu parler de sexualité en classe. "On vous dit qu'il ne faut pas toucher le corps des autres, et que votre corps vous appartient, et personne n'a le droit de le toucher", constate le père de famille.

La sœur de Soren, Prune, elle, a déjà abordé le sujet l’année dernière, lorsqu'un camarade avait soulevé la jupe d’une fille et commencé à lui toucher les fesses. La maîtresse les a immédiatement alertés. "Elle nous a dit que s'il se passait quelque chose comme ça, il fallait le dire, que c'était pas bien", raconte l'enfant. 

Et les enfants prennent très au sérieux ces leçons. Alice en a fait l’expérience avec son garçon de 5 ans. "Un jour en rentrant de l'école, mon fils en grande section de maternelle est rentré en me disant : 'c'est mon corps, il m'appartient, personne n'a le droit d'y toucher'". 

Prendre des exemples de la vie quotidienne. Aux enseignants donc, de trouver les bons mots sur des sujets aussi sensibles. Emilie, institutrice en CM1, y attache un soin tout particulier, "en prenant des exemples de la vie quotidienne, en prenant des contre-exemples en leur demandant s'ils trouvent ça juste, en les faisant débattre et en les faisant réfléchir", détaille-t-elle.

Ces séances d’éducation à la sexualité sont adaptées aux classes d'âge et elles s'organisent le plus souvent autour des questions des élèves. En primaire, les maîtresses parlent surtout d'égalité entre les filles et les garçons. Il n'y a pas de programme précis, c'est plus au gré de ce qu'il se passe dans la cour de récréation ou dans la classe, comme par exemple lorsque des garçons jouent à soulever les jupes des filles. "C'est l'occasion aussi pour la maîtresse de parler du corps, d'apprendre à se laver tout seul, pour être autonome, ce qui permet aussi d"éviter parfois les gestes intrusifs des adultes". 

Les enseignements sont plus structurés au collège, avec par exemple des séances avec des intervenants extérieurs comme le Planning familial, où on parle de maladies sexuellement transmissibles, de contraception, mais aussi de comment on se remet d'une rupture amoureuse.