Djihad : l'ancien recruteur Farid Benyettou devenu "formateur en déradicalisation"

Farid Benyettou avait été condamné à six ans de prison en 2008 (dessin d'archives)
Farid Benyettou avait été condamné à six ans de prison en 2008 (dessin d'archives) © AFP
  • Copié
M.L , modifié à
Selon Libération, l'ancien leader de la "filière des Buttes Chaumont", qui a notamment recruté Chérif Kouachi, intervient désormais auprès de jeunes radicalisés.

Il était le "gourou" de la filière djihadiste des Buttes-Chaumont, démantelée en 2005. Mais Farid Benyettou, condamné en 2008 à six ans de prison, a "changé de bord", révèle Libération. D'après les informations du quotidien, l'ancien recruteur a rejoint l'anthropologue Dounia Bouzar, figure controversée de la lutte contre la radicalisation et directrice du centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l'Islam (CPDSI).

Des ateliers de déradicalisation. "J'ai discuté avec Farid pendant six mois avant de lui faire pleinement confiance", explique Dounia Bouzar. Selon Libération, c'est le jeune homme, qui avait notamment "formé" Chérif Kouachi, l'un des terroristes de Charlie Hebdo, qui est à l'origine de ce rapprochement. Après être intervenu bénévolement dans des ateliers de déradicalisation organisés par l'anthropologue, il a été embauché en CDD au CPDSI, alors sous mandat public.

Contre l'avis des pouvoirs publics. Interrogé par Libération, le ministère de l'Intérieur affirme que les pouvoirs publics n'avaient pas connaissance de cette information et s'étaient opposés à l'intervention de Farid Benyettou dans ces ateliers, ne le considérant pas comme un "partenaire de confiance". Depuis la fin du mois d'août, l'activité du CPDSI est financée par le cabinet Bouzar Expertises et ne dépend plus de l'Etat.

"Laisser un espace aux repentis". Dounia Bouzar assure que le "formateur" a "sauvé une trentaine" de jeunes en voie de radicalisation. "Il faut laisser un espace aux repentis, sinon ils crèvent", argue-t-elle, balayant les critiques quant au passé de Farid Benyettou. "L'expérience avec les Kouachi m'a servi, puisque je n'ai pas réussi à les empêcher de passer à l'acte, notamment Chérif est venu me voir quelques mois avant l'attentat", assure le principal intéressé. Ancien élève infirmier, il voit dans ces ateliers un moyen de "mettre en pratique ce à quoi [il] a été formé".