Dieppe aussi doit faire face à l'afflux de migrants

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Depuis Dieppe, les migrants essaient de monter à bord des ferries pour rejoindre Newhaven, en Angleterre. © AFP
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François Coulon et , modifié à
Calais n'est pas la seule ville à être confrontée à la présence massive de migrants. Pour tenter de rejoindre l'Eldorado britannique, ils commencent aussi à affluer sur les villes des côtes normandes, à l'instar de Dieppe.
REPORTAGE

Alors que les regards sont tournés vers Calais et ses milliers de migrants, le maire de Dieppe, en Seine-Maritime, s'inquiète de l'afflux de clandestins qui tentent de passer outre-Manche depuis le port normand. En effet, chaque jour des ferries partent de la commune pour rallier la ville de Newhaven, dans le sud-est de l'Angleterre.   

Ce mercredi matin, une dizaine d'Albanais tentent d'escalader deux rangées de barbelés pour essayer de se glisser dans le Transmanche. "J'ai essayé deux fois, beaucoup de gens passent par ici, mais c'est très difficile, regardez la sécurité. Mais bon, j'essaie quand même", confie à Europe 1 l'un d'eux, Besmir, âgé de 22 ans.

"Ils essaient de se cacher dans les semi-remorques". Le dispositif est bien rôdé. Du haut des falaises, un guetteur guide par portable les migrants vers les voies dégagées. L'accès principal est une carrière, qui jouxte le parking des ferries.

Son directeur, Romain Chaudet, explique au micro d'Europe 1 : "Ils cassent les clôtures. Une fois qu'ils sont dans la carrière, ils essaient de se cacher dans les semi-remorques. Il y a des moments où l'on se retrouve avec une vingtaine de clandestins dans le site et on ne peut rien faire".

La police "n'a pas les moyens" d'intervenir. "On appelle la police à chaque fois et ils nous ont même dit de ne plus les déranger parce qu'ils n'ont pas les moyens de gérer ces problèmes-là", poursuit l'entrepreneur qui se sent "désemparé". "On a déjà frôlé l'accident grave, c'est notre hantise", met en garde le jeune patron.

Un déferlement vers les côtes normandes ? Pour le maire de cette commune de 36.000 habitants, Sébastien Jumel, il est temps de tirer la sonnette d'alarme. Pour l'édile communiste, si l'on rend Calais "hermétique", les clandestins déferleront dans les ports normands, qui ne pourront pas, eux non plus, faire face.

"Le risque est grand que, quand on ne rentre plus à un endroit, on veuille rentrer dans un autre. Cela pourrait donner des situations inextricables comme l'on rencontre aujourd'hui à Calais" avance-t-il au micro d'Europe 1.

"Des moyens supplémentaires". "Moi, je demande des moyens de police aux frontières (PAF), des moyens supplémentaires", réclame Sébastien Jumel qui a d'ores et déjà envoyé une lettre ouverte au ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. Pour l'instant, une cinquantaine d'Albanais sont établis à Dieppe, où l'on redoute déjà un afflux incontrôlable.