Deux réseaux de faux-monnayeurs démantelés

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L'un opérait à Lyon, l'autre à Marseille. Ils imprimaient de faux dinars algériens "quasiment parfaits" sur du papier fiduciaire volé.

Les coups de filet menés mercredi et lundi constituent le premier démantèlement d'imprimerie clandestine en France depuis plus de dix ans. Douze hommes impliqués dans le réseau lyonnais ont été interpelés à Paris, Marseille, Montélimar (Drôme) et Saint-Genis-Laval (Rhône) après quelques mois d'investigations. Agés de 30 à 60 ans, ils ont été mis en examen et écroués dimanche pour association de malfaiteurs et contrefaçon. Certains sont connus pour des faits de grand banditisme. Ils encourent trente ans de réclusion criminelle. L'autre réseau démantelé à Marseille a entraîné la mise en examen de trois personnes lundi.

Les enquêteurs ont remonté la piste d'une cargaison d'une quarantaine de rouleaux destinés à la banque centrale d'Algérie, dérobés en novembre 2006. Certains rouleaux ont été retrouvés en janvier dernier à Naples et en Italie. Et en septembre, les enquêteurs ont surpris une remise de trois de ces rouleaux par des petits trafiquants marseillais au réseau lyonnais.

Selon le criminologue Christophe Naudin, "l'Afrique est devenue l'eldorado des faussaires" en raison de ses monnaies moins protégées que le dollar, l'euro, le franc suisse ou la livre sterling. Chacun de ces rouleaux permet de fabriquer jusqu'à 500.000 billets de 1.000 dinars algériens. Le papier fiduciaire volé comportait déjà les trois signes de sécurité (bande holographique, filigrane et fil) nécessaires à la fabrication des dinars algériens (l'euro en compte soixante), ce qui a facilité la tâche des faussaires. "Il leur restait à ajouter le visage et le montant, ainsi que les numéros du billet", a expliqué le responsable de la division économique et financière de la police judiciaire (PJ) de Lyon, Jean-François Ligout.

L'enquête a révélé que l'étape de la "numérotation" était réalisée à Saint-Etienne par un informaticien qui avait mis au point un logiciel spécifique. L'impression, "maillon essentiel du réseau" était réalisée ensuite par deux frères, imprimeurs dans le centre de Lyon. D'une valeur de 10 euros, les billets étaient revendus 3 à 4 euros chacun et "étaient quasiment parfaits", a ajouté M. Ligout. Selon la PJ, les faux-monnayeurs avaient déjà réussi à écouler au moins 200.000 faux billets. Mais "l'essentiel du réseau a été neutralisé avant qu'une production de masse" n'ait pu se mettre en place.