Bourg-en-Bresse : des surveillants demandent l'isolement d'un prévenu fiché S

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Le détenu côtoie les autres prisonniers au quotidien. © JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
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avec AFP , modifié à
Placé en cellule individuelle, le détenu côtoie les autres prisonniers lors des activités et de la promenade. Les surveillants alertent sur les risques d'embrigadement.

Des surveillants de la prison de Bourg-en-Bresse, dans l'Ain, dénoncent mercredi le régime de détention classique d'un prévenu radicalisé, fiché S, soupçonné d'avoir projeté un attentat à Lyon, et réclament sa mise à l'isolement pour éviter "l'embrigadement" d'autres détenus. Karim B., 25 ans, incarcéré jusqu'à présent à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, dans l'Essonne, dans l'attente de son procès, a obtenu la semaine dernière son transfèrement en Rhône-Alpes pour rapprochement familial. 

Des personnels pénitentiaires en cours de formation. Depuis son arrivée à Bourg-en-Bresse, Karim B. "a été placé mardi en cellule individuelle mais en régime de détention classique. Il est donc parmi les autres détenus pour toutes les activités, le sport, la promenade… Avec tous les risques d'embrigadement que cela comporte", dit Romain Bernier, secrétaire adjoint du syndicat Ufap-Unsa. Selon l'administration pénitentiaire, le suspect était placé en détention ordinaire à Fleury-Mérogis depuis septembre 2014. Dans la plus grande prison d'Europe, il n'a été placé en quartier disciplinaire que deux semaines, après un refus de réintégrer sa cellule en juillet dernier. Il a ensuite été mis seulement quatre jours à l'isolement, dans l'attente de son transfèrement.

"On estime que de, par son profil dangereux, il ne devrait pas être au contact des autres détenus. Il va avoir un rayonnement néfaste sur les autres. On sait comment ça se passe", poursuit Romain Bernier, qui plaide pour "de nouvelles structures adaptées à ces individus radicalisés". La prison comporte un quartier d'isolement de 12 places. Contactée, l'administration pénitentiaire (AP) précise à Europe 1 que l'établissement de Bourg-en-Bresse, où a été placé Karim B., fait partie des 50 établissements pénitentiaires disposant d'une structure adaptée pour accueillir des personnes détenues radicalisées. La formation des personnels est par ailleurs en cours, assure l'AP.

Sous haute surveillance. "C'est une situation qu'on ne peut pas gérer du point de vue de la sécurité, d'autant qu'il nous manque une soixantaine d'agents", ajoute le représentant du syndicat majoritaire dans ce centre pénitentiaire qui compte quelque 700 détenus, dont plusieurs signalés comme radicalisés ou en voie de radicalisation. L'administration pénitentiaire (AP) précise, elle, qu'une vingtaine d'agents manquent. 

Les détenus avec ce profil "ont un suivi individualisé et sont particulièrement surveillés. Ils sont accompagnés par un conseiller pénitentiaire d'insertion et de probation", a précisé l'administration pénitentiaire. D'ailleurs, Karim B. a d'ores-et-déjà rencontré son conseiller avant-hier. "Il est, et restera, en cellule individuelle", ajoute l'AP qui souligne que Karim fait "l'objet d'une surveillance accrue". Surtout, souligne-t-on à l'administration pénitentiaire, "si son comportement s'avère prosélyte, l'établissement prendra les mesures ad hoc et il sera placé en quartier d'isolement". 

Tentative d'attentat ? Karim B. avait été interpellé à Vaux-en-Velin, près de Lyon, le 16 septembre 2014, suspecté d'avoir préparé un attentat dans la métropole lyonnaise avec son frère Reda, ancien membre du groupe Forsane Alizza ("Les Cavaliers de la fierté", dissous en 2012), arrêté, lui, deux jours plus tard. Trois autres frères de la famille - Mohamed, Farid et Rafik - avaient rejoint la Syrie au second semestre 2013, selon la justice, afin de combattre dans les rangs djihadistes. Interpol a diffusé trois mandats d'arrêt internationaux à leur encontre, à la demande de la France, pour "association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes de terrorisme". Un autre membre de la fratrie était mort en juin 2014 dans un attentat suicide en Syrie.