Déraillement d'un TGV en 2015 : une filiale de la SNCF mise en examen pour "homicides involontaires"

Eckwersheim 1280
Le déraillement du TGV avait fait 11 morts. © FREDERICK FLORIN / AFP
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avec agences , modifié à
Systra a été mise en examen pour homicides et blessures involontaires après l'accident d'une rame d'essai du TGV Est qui a fait 11 morts et 21 blessés en 2015 en Alsace.

Systra, filiale de la SNCF chargée des essais ferroviaires, a été mise en examen mardi pour "homicides et blessures involontaires" dans l'enquête sur le déraillement d'un TGV en Alsace en 2015 qui avait fait 11 morts et des dizaines de blessés, a appris l'AFP mardi de source judiciaire. À l'issue de deux jours d'audition par le juge d'instruction, la société a été mise en examen pour "blessures et homicides involontaires par maladresse, imprudence, négligence ou manquement à une obligation de sécurité", a précisé la source. "Systra s'attachera à démontrer qu'elle n'a commis aucun délit", a réagi la filiale qui "prend acte" de sa mise en examen. 

Impréparation et inexpérience. Le 14 novembre 2015, ce TGV, qui effectuait sa phase de test sur le nouveau tronçon de la ligne à grande vitesse (LGV) Paris-Strasbourg, avait déraillé à l'entrée d'une courbe de raccordement sur la commune d'Eckwersheim, dans le Bas-Rhin. Le rapport des experts judiciaires, rendu en octobre dernier, explique ce premier accident mortel dans l’histoire du TGV par une impréparation et une mauvaise évaluation du risque conjuguée à une expérience ou une formation insuffisante du personnel. "Systra a confié la définition, l’organisation et la conduite des essais en survitesse à du personnel n’ayant pas l’expérience des essais en survitesse, et n’a pas compensé cette inexpérience par une formation appropriée", affirme le rapport. 

La SNCF convoquée mercredi. Les experts reprochent notamment aux responsables des essais d’avoir validé une vitesse de 330 kilomètres/heure sur les trois kilomètres précédant le déraillement, qui n’était "pas réaliste" et ne pouvait que conduire à l’accident. La SNCF est elle-même convoquée mercredi par les deux juges d'instruction en charge du dossier, Nicolas Aubertin et Fabienne Bernard, en vue de sa mise en examen. Trois membres de l’équipe technique présente à bord du train, deux salariés de la SNCF et un de Systra, l’ont déjà été dans cette affaire.