Déraillement d'un TGV en 2015 : la famille d'une victime critique la SNCF

Le déraillement s'était produit à Eckwersheim, en banlieue de Strasbourg.
Le déraillement s'était produit à Eckwersheim, en banlieue de Strasbourg. © FREDERICK FLORIN / AFP
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avec AFP
Les proches d'une victime de ce déraillement, qui avait fait 11 mort en 2015, estiment que la SNCF et sa filiale Systra "ont mis en danger" la vie des passagers "d'une façon délibérée". 

La famille d'une des 11 victimes du déraillement d'un TGV d'essai en 2015, près de Strasbourg, estime que la SNCF et sa filiale Systra ont mis en danger la vie des passagers de manière volontaire. Trois ans jour pour jour après l'accident du 14 novembre 2015, les proches de Fanny Mary, morte à 25 ans dans le déraillement alors qu'elle accompagnait son compagnon, ingénieur chez Systra, estime que les deux entreprises "ont mis en danger la vie des autres d'une façon délibérée".

"Quand on voit que tous les risques étaient connus à l'avance, pourquoi inviter malgré tout des passagers à monter dans cette rame d'essai", s'est ainsi interrogé Jules Mary, un des frères de Fanny.

"Dans l'aéronautique, il n'y a pas de passagers pour les essais". Le jour de la catastrophe, des proches des cheminots et des ingénieurs chargés des essais, dont des enfants, faisaient partie des 53 personnes à bord du train. Systra a été mise en examen en décembre 2017 pour homicides et blessures involontaires, mais selon la famille de Fanny Mary, c'est volontairement que la SNCF et Systra avaient invité des passagers à ces essais dangereux. Selon la famille, les passagers ont en outre été installés à l'étage des voitures, favorisant le basculement d'un train sur lequel le système de freinage automatique de sécurité avait été désactivé, là encore volontairement.

"Dans l'aéronautique, jamais il n'y a de passagers pour des essais. A l'étranger les tests ferroviaires sont faits avec des poids en fonte ou des sacs de sable pour simuler le poids des passagers, mais là ils ont sciemment invité des gens, qui n'étaient pas au courant des risques qu'ils prenaient en montant dans ce train", a poursuivi Jules Mary. 

La famille regrette la lenteur de l'enquête. La famille, peu satisfaite des réponses apportées par la SNCF, regrette également la lenteur de l'enquête : "A notre connaissance les restes de la rame n'ont toujours pas été expertisés", a ainsi noté Christine Dujardin, la mère de Fanny Mary. Les proches et familles des victimes, ainsi que des rescapés, ont participé mercredi à une cérémonie sur les lieux mêmes de l'accident, où a été aménagé un jardin du souvenir, un événement qui n'était pas ouvert à la presse. Trois ans après, "notre chagrin est toujours aussi profond", ont rappelé les proches de Fanny Mary.

Le 14 novembre 2015, lendemain des attentats de Paris, 11 personnes étaient décédées et 42 avaient été blessées dans l'accident, premier déraillement mortel dans l'histoire du TGV depuis sa mise en service en 1981. L'enquête a notamment mis en évidence que cette rame d'essai roulait beaucoup trop vite au moment du drame.