Dans les écoles, la canicule échauffe les esprits

© THOMAS SAMSON / AFP
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Dans plusieurs écoles, notamment dans le sud de la France, parents et enseignants s’indignent des conditions d’apprentissage. 

La canicule continue mercredi de frapper le pays, avec 66 départements en vigilance orange. Face à une telle hausse du mercure, mieux vaut être équipé de la climatisation. Et ce n’est pas le cas de tous les bâtiments scolaires. Mercredi, de nombreuses voix se font entendre pour suspendre les cours dans les écoles où la chaleur frappe le plus durement.

Dans la salle de classe des CP de l'école Marengo-Périole à Toulouse, dont les parents se sont mobilisés devant l'établissement mercredi matin pour réclamer des "conditions de vie convenables", le thermomètre affichait par exemple 35 degrés. "Raphaël a fait mardi une sorte de malaise", déplore auprès de l’AFP une maman/représentante des parents d'élèves. "D'autres enfants ont souffert de maux de tête. Pourquoi n'apporte-t-on pas le même intérêt aux tout petits qu'aux personnes âgées ?", s’interroge-t-elle.  À l'école Alexandre Fourtanier, toujours à Toulouse, certains enseignants délocalisent même leurs cours à ombre, à l'extérieur de l'établissement. L'école primaire n'est pas adaptée au climat avec sa toiture en... verrière.

" Cela devient carrément dangereux pour nos enfants "

Même phénomène dans les départements voisins, en particulier dans le Tarn-et-Garonne, où certains parents ont annoncé d’un commun accord qu’ils retireront leurs enfants à partir de jeudi, notamment de l'école primaire Jacques Brel à Mautauban. "La raison est simple : Nous avons constaté des températures jusqu'à 34 degrés dans les salles et même 38 degrés dans le dortoir (où les élèves font la sieste). Cela devient carrément dangereux pour nos enfants alors que l'on demande de faire très attention en période de canicule", explique à l’AFP Sophie Durran, une maman.

Dans d’autres départements, dans le Vaucluse notamment, selon Le Point, des parents ont déjà décidé de retirer leurs enfants des salles de classe. "Nous avons des alertes des parents et nous demandons instamment au ministère de l’Education nationale, sur demande des parents, d’autoriser les élèves à sortir pour rentrer chez eux et se reposer. Avec une chaleur pareille, personne, encore moins des enfants ou des adolescents, ne sont en capacité de faire des apprentissages corrects", lance d’ailleurs Hervé Jean Le Niger, porte-parole de la FCPE, principale fédération des parents d’élèves, au micro d’Europe 1. "Lorsque les parents ne peuvent pas venir chercher leurs enfants, on appelle le ministère et les collectivités à mettre les enfants dans des ambiances fraiches et à les hydrater au maximum".

" Des banderoles bloquent l’accès aux bâtiments et les enfants ne pénètrent plus dans les classes "

La mobilisation la plus radicale a été constatée à Aix-en-Provence : l’école maternelle la Maréschale a tout été bonnement bloquée, des bancs ont été posés en travers des escaliers pour empêcher l’accès aux salles, rapporte LCI.  "Depuis plusieurs jours, l'école maternelle la Maréschale d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) est en ébullition. Des banderoles bloquent l’accès aux bâtiments et les enfants ne pénètrent plus dans les classes. La fronde, menée par les enseignants et les parents, pointe les conditions de travail intenables dans les locaux. Faute d’une isolation efficace, la chaleur persistante a fait exploser les températures à l'intérieur", raconte le site de la chaîne. Les enseignants ont décidé de faire cours dehors, à l’ombre, en attendant que la mairie tienne sa promesse d’installer des ventilateurs au plafond.

Les écoles du sud de la France, où la température peut monter jusqu’à plus de 40 degrés, sont les plus concernées par ces mobilisations. Mais tout l’Hexagone est susceptible d’être touché. Selon Éric Rousseau, inspecteur de l'Éducation nationale interrogé par Slate, le problème est en effet avant tout architectural. "Dans les bâtiments modernes, parfois même neufs, bien trop souvent, on étouffe ! Le pire étant les écoles des années 1970, construites dans l'urgence, à une époque où la population scolaire augmentait beaucoup, dont les murs sont fins et où rien n'a été pensé pour faire face aux conditions climatiques", analyse-t-il. 

"Certains enfants ont même fait des malaises, on a dû appeler les parents. Ils me disent de garder les enfants à l'ombre et de fermer les volets. On n'a même pas de volets !, confie à franceinfo Véronique Deniel, directrice d'une école maternelle à Nîmes.

" Ça n'est en réalité QUE pénible "

Pour l’heure, au ministère de l'Education nationale, on n’envisage pas de mesures d’urgence. Mais le gouvernement a lancé dans les régions touchées par la canicule une campagne de communication pour sensibiliser les parents et le personnel aux bons gestes :

Rue de Grenelle, on rappelle également que c'est aux municipalités d'équiper les bâtiments en conséquence. "Les mairies sont propriétaires des murs, et sont donc responsables quand il s'agit d'acheter du matériel", ajoute Stéphane Mollier, adjoint au directeur académique du Vaucluse, contacté par franceinfo

"Beaucoup d'écoles ont été construites dans les années 30 et 60, volontairement plein sud et c'est vrai que cela peut être extrêmement pénible. Mais ça n'est en réalité QUE pénible", nuance pour sa part Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN (syndicat des personnels de direction de l'Education nationale), interrogé par RMC. Et d’ajouter : "Quand il fait chaud et que l'on est sur la plage, cela ne dérange rigoureusement personne. […] Quand il fait chaud (dans les établissements scolaires), on fait ce que tout le monde fait : on essaie de ventiler les lieux quand c'est possible, et puis on facilite l'accès à l'eau".