Dans les coulisses du nouveau "36", la police judiciaire parisienne

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Guillaume Biet édité par C.O. , modifié à
REPORTAGE - La police judiciaire parisienne inaugure jeudi ses nouveaux locaux dans le nord-ouest de la capitale. Elle tourne une page historique et fait un bond dans la modernité.
REPORTAGE

C'est la fin d'une époque pour la police judiciaire parisienne. Le célèbre 36, Quai des Orfèvres a fermé ses portes. Et c'est dans un tout nouveau bâtiment de 50.000 m², inauguré jeudi, que se regroupent désormais les 1.700 fonctionnaires de la PJ parisienne : brigade criminelle, brigade des stupéfiants, brigade financière, à l'exception de la BRI (brigade de recherche et d'intervention).

La modernité est partout. Dans les façades miroir du bâtiment baptisé le "Bastion", situé au 36 rue du Bastion, dans le nord-ouest de Paris, se reflètent encore les grues du quartier en plein chantier. Vitres blindées, sas de sécurité et même lecteurs d'empreintes digitales sont installés pour accéder aux parties les plus sensibles du bâtiment. La modernité est partout. Une révolution pour Xavier Espinasse, chef du service de l'identité judiciaire : "Nos laboratoires étaient des petites pièces mal fichues, tordues, ici c'est beaucoup plus simple en terme de conservation des scellés, des produits chimiques… car les locaux sont ultra-modernes.", détaille-t-il.

Un nouveau concept de gardes à vue.Adieu le mythique escalier du 36, Quai des Orfèvres. Ici, six ascenseurs desservent les quatorze niveaux du bâtiment dont deux étages dédiés aux gardes à vue avec 42 cellules au total. "On a des cellules collectives et individuelles, et juste en face de nous des bureaux pour les auditions et des bureaux pour les entretiens avec les avocats", explique Cyril Coatleven, chef adjoint du cabinet direction. "Avant, le gardé à vue allait dans le bureau de l'enquêteur. Maintenant, c'est l'enquêteur qui vient au gardé à vue pour être entendu." Un vrai changement de culture pour les policiers. Cela limite aussi le risque que les suspects ne croisent la victime ou un témoin dans les bureaux.

Un stand de tir, une salle de crise. Du quatrième sous-sol jusqu'au huitième étage, le "Bastion" regorge encore d'innovations, avec un stand de tir digne de celui du Raid. Et au dernier étage, une salle de commandement et une salle de crise spéciale. "Le gros apport de ce nouveau bâtiment est que l'on peut interconnecter toutes les salles de crise et tous les opérateurs peuvent se voir par l'intermédiaire d'un dispositif de visioconférence", explique Thierry Huguet, chef d'Etat major. "Ça devrait nous permettre de gérer des crises beaucoup plus efficaces que ce que l'on avait avant".

Mais pas encore d'âme. Reste qu'au fil des douze kilomètres de couloirs, tous identiques, les lieux manquent cruellement d'âme, regrette une enquêtrice. "Il faut que l'on recrée ce que l'on avait depuis des années dans les différents locaux. Là, c'est beaucoup plus spacieux, c'est plus lumineux, c'est propre, mais il faut que l'on recrée une âme de travail". C'est juste une question de temps estime le directeur du 36, Christian Sainte :"Il faut appréhender l'outil, le mettre en rodage et puis changer ses habitudes de transport", assure-t-il. "Nous attendons avec impatience l'arrivée du tribunal de grande instance à nos côtés". Le nouveau palais de justice, collé au "Bastion", n'ouvrira que dans six mois.