Creuse : 20 et 4 ans requis contre les parents de Loan, 4 mois, battu à mort

L'affaire avait provoqué un émoi national en août 2014.
L'affaire avait provoqué un émoi national en août 2014. © THIERRY ZOCCOLAN / AFP
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avec AFP , modifié à
L'auteur des coups mortels risque jusqu'à trente ans de réclusion. Sa compagne, qui n'avait pas dénoncé le crime, encourt quant à elle cinq ans de prison.

Vingt ans de réclusion ont été requis jeudi contre le père, et quatre ans de prison contre la mère de Loan, un enfant de 4 mois mort en 2014 sous les coups du père, puis dont le couple avait fait croire à l'enlèvement, lors d'une macabre mise en scène de plusieurs jours.

Le père décrit comme un tyran. Le père, qui encourt 30 ans de réclusion, a été décrit depuis lundi tout au long du procès à Guéret, aux assises de la Creuse, comme un petit délinquant, mais surtout un tyran au foyer, qui a reproduit, en pire, un modèle de "toute-puissance paternelle" et le rejet par son propre père. À son enfant, né prématuré et opéré un mois avant les faits d'une malformation cardiaque, il a administré des claques "d'une ampleur inimaginable", associées à des "secouements vigoureux", qui ont fini par tuer l'enfant.

"Une véritable mise en scène". Le couple, suivi à l'époque par les services sociaux, décrit comme "pathologique" - l'homme avait été condamné quelques mois plus tôt pour violences sur sa compagne - avait provoqué un émoi national fin août 2014, mobilisant un important dispositif de recherche, lorsqu'ils avaient affirmé que leur bébé avait été enlevé par un inconnu, alors qu'ils "jouaient à la pétanque" sur une base de loisirs près d'un lac à Chénéraille, dans la Creuse.

En réalité les parents, mis en garde à vue, avaient fini par avouer que l'enfant était mort depuis près d'une semaine à la suite de coups infligés par le père, semble-t-il excédé par les cris du bébé. Par peur des conséquences, ils n'avaient pas donné l'alerte, mais avaient enterré le bébé dans un sac en plastique près d'un lac à 15 kilomètres de chez eux, puis élaboré ensemble "une véritable mise en scène", jouée pendant six à sept jours, avec notamment un poupon en plastique dans un landau, des biberons qu'ils continuaient à préparer. Le couple avait ensuite concocté "le sketch inadmissible de l'enlèvement", selon l'expression de l'accusation. Un scénario qui n'avait pas résisté longtemps aux interrogations des enquêteurs, soulevant des invraisemblances.

Verdict attendu vendredi. La mère, âgée de 26 ans et dépeinte comme "sous emprise" de son compagnon, "ne pourra échapper à sa responsabilité pénale" car "elle aurait dû faire quelque chose" , a lancé le procureur Sébastien Farges, en requérant quatre ans de prison. Jugée pour non-assistance à personne en danger, recel de cadavre et dénonciation mensongère, elle encourt cinq ans de prison. Après les plaidoiries de la défense, le verdict est attendu vendredi.