Corse : la commune de Sisco ne reconduit pas son arrêté "anti-burkini"

L'arrêté pris l'an dernier, dont la validité courait du 16 au 30 août 2016, avait été entériné une première fois par le tribunal administratif de Bastia en janvier.
L'arrêté pris l'an dernier, dont la validité courait du 16 au 30 août 2016, avait été entériné une première fois par le tribunal administratif de Bastia en janvier. © PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP
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avec AFP , modifié à
Pris en août dernier après des violences survenues dans une crique de Sisco, l'arrêté "anti-burkini" n'a pas été reconduit cette année par la commune corse.

L'arrêté "anti-burkini" adopté le 16 août 2016 à Sisco en Haute-Corse, quelques jours après une violente altercation survenue dans une crique, ne sera pas reconduit, a-t-on appris jeudi auprès du maire du village.

Un nouvel arrêté déjà prêt. "Le conseil municipal a décidé à l'unanimité jeudi soir de ne pas reconduire l'arrêté dans un esprit d'apaisement et de 'réconciliation'. Mais nous avons décidé de rester vigilants et réactifs. Nous avons peur d'une provocation, quelle qu'elle soit, les réactions seraient vives", a déclaré à l'AFP le maire de Sisco, Ange-Pierre Vivoni. "Nous avons préparé un arrêté, s'il se passe quelque chose il sera pris immédiatement, je n'aurai qu'à le signer sans avoir besoin de réunir le conseil municipal. Nous ne voulons pas revivre ce qui s'est passé l'été dernier", a ajouté Ange-Pierre Vivoni.

Un été 2016 sous tension. L'arrêté pris l'an dernier, dont la validité courait du 16 au 30 août 2016, avait été entériné une première fois par le tribunal administratif de Bastia en janvier. Contesté en appel par la Ligue des Droits de l'Homme, il avait de nouveau été validé lundi par la cour administrative d'appel de Marseille. Il avait été adopté trois jours à peine après une violente altercation sur une plage du village, qui avait éclaté entre les membres d'une famille d'origine marocaine et des villageois. Quelques mois après l'agression de pompiers dans un quartier populaire d'Ajaccio le soir de Noël 2015, qui avait été suivie d'une manifestation émaillée de slogans racistes et du saccage d'une salle de prière musulmane, la rixe avait ravivé les tensions en Corse. Burkini, insultes racistes, femme seins nus malmenée sur la plage... : le flou initial à propos des circonstances des échauffourées avait contribué à l'émoi suscité par l'altercation.

Des condamnations après la rixe. Fin juin, deux mois de prison avec sursis ont été requis devant le tribunal correctionnel de Bastia contre Houcine B., le 4e frère de la famille marocaine impliquée dans la rixe. Lors du premier procès en septembre 2016, Mustapha B., 33 ans, déjà condamné à plusieurs reprises et présenté à l'audience comme l'instigateur principal de la rixe, avait écopé de deux ans de prison ferme. Il a fait appel de sa condamnation. Deux de ses frères, Abdelillah, 38 ans, et Jamal, 29 ans, ont été condamnés à 6 mois d'emprisonnement avec sursis.

Deux villageois, le boulanger Lucien S., 50 ans, déjà condamné dans une affaire d'extorsion, et un employé municipal de 22 ans, Pierre B., ont été condamnés à un an et huit mois avec sursis.