Comment mieux se protéger des attaques de requins ?

© THEO FERREIRA / AFP
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SOLUTIONS - La ministre des Outre-mer George Pau-Langevin sera à La Réunion jeudi et vendredi. Elle reviendra sans doute sur les nombreuses attaques de requins qui ont frappé l’île ces derniers mois. 

Le 12 avril dernier, Elio, 13 ans, a été tué par un requin alors qu’il faisait du surf sur la côte. A peine deux mois plus tôt, le 15 février, c’est une femme de 22 ans qui est morte après avoir été gravement mordue à la jambe par un squale. Sept attaques mortelles de requins ont été recensées depuis 2011 à La Réunion. La ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin, se rend jeudi et vendredi sur l’île où elle n’échappera pas aux questions sur le sujet. Avant la venue de la ministre dans l’Océan Indien, nous avons demandé à Robert Calcagno, directeur de l’Institut océanographique et spécialiste des requins*, s’il existait des solutions pour diminuer ces attaques ?

Est-il possible d’en finir définitivement avec les attaques de requins ?

Malheureusement, non. Il n’y a aucune solution, aucun dispositif qui peut garantir le risque zéro contre les requins. Lorsqu’on va faire du ski de randonnée en montagne, peut-on garantir qu’il n’y a aucun risque d’avalanche ? La réponse est non. En revanche, on peut, grâce à toute une série de mesures, essayer de mieux évaluer le "risque requins" et ensuite trouver les solutions adéquates.

L’évaluation du "risque requins" est donc primordiale…

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Pendant trop longtemps, le "risque requins" a été sous-estimé à La Réunion. On essayait de ne pas trop en parler. C’est la pire des solutions à mon avis. La première chose, c'est de mieux évaluer les risques. En observant mieux les requins, il faut réussir à déterminer les endroits qu'ils privilégient. On pourra ensuite mieux délimiter les zones de baignade. On ne voit pas de problème à établir le "risque avalanche", il faut désormais établir un "risque requins".

Et comment l’évaluerait-on ce risque ?

Ce travail a été entamé depuis trois ans par l’Institut de recherche pour le développement (IRD) à La Réunion. Ils étudient la présence et la saisonnalité des requins sur l’île. Mais, pour le moment, il est trop tôt pour établir avec certitude des données sur les déplacements des squales.

Une fois le "risque requins" connu, quelles mesures concrètes peut-on prendre ?

La toute première mesure à prendre, c’est la communication. Il faut faire savoir qu’il y a des endroits plus risqués que d’autres, des saisons également où la présence des squales est plus forte. Il faut donner une météo des requins pour que les insulaires soient suffisamment au courant. En Afrique du Sud et en Floride, l’information est mieux diffusée et les résultats sont là.

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© Depuis 2011, on recense 7 attaques mortelles de requins à La Réunion (AFP).

Ensuite, il existe des dispositifs individuels et collectifs pour éloigner les requins. En Australie, certains surfeurs sont équipés d'un bracelet qui sert de répulsif électromagnétique. Pour les plongeurs expérimentés, un bâton ou un écran de bulle permet de les faire fuir. Il y a ensuite plusieurs "vigies requins". Ce sont soit des plongeurs immergés qui surveillent la zone des surfeurs, soit des bouées de détection (pour les requins qui ont été marqués et dont on connaît les déplacements, ndlr). Enfin, le filet séparatif peut aussi être une solution ultime. Là, on est vraiment proche du risque zéro. 

Au-delà du malentendu", de Robert Calcagno, aux éditions du Rocher

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