Comment les entreprises protègent leurs stocks au moment de Noël

entrepot Shiseido
Comment les entreprise se prémunissent contre le vol dans les entrepôts. © ERIC PIERMONT / AFP
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Caroline Politi , modifié à
La semaine dernière, un entrepôt de sacs de luxe a été dévalisé en banlieue parisienne. Valeur du butin : un million d’euros. 

Le vol n’a été découvert qu’au petit matin, à l’arrivée des premiers employés. Des centaines de sacs de luxe, notamment Hermès et Vuitton, ont été dérobés la semaine dernière dans un entrepôt d’une société de transports en Ile-de-France. Montant du butin : près d’un million d’euros. Quelques jours auparavant, c’était une plateforme de fret près de Lyon qui était dévalisée. Les braqueurs ont emporté cosmétiques et lunettes de soleil haut-de-gamme. "Tous les ans avant les fêtes de Noël, on observe une recrudescence des vols de produits de luxe", note Jean-Pierre Tripet, président du syndicat national des entreprises de sécurité (Snes). "Ce sont des vols ‘conjoncturels’ : à cette période, ce type d’articles s’écoule très facilement sur le marché parallèle."

S’il n’existe aucun chiffre précis, les stocks des usines et les plateformes de chargement sont particulièrement visés. Faire main basse en quelques minutes sur des palettes de produits emballés et prêts à être distribués poussent les malfrats à s’attaquer spécifiquement à ces bâtiments, souvent situés en périphérie des villes, voire même en pleine campagne. "Ce sont des équipes très professionnelles et très bien organisées qui s’attaquent à ce type de lieu", assure une source policière.

Des "robots" détecteurs de mouvement. Cette recrudescence des vols a poussé les entreprises à renforcer leur système de surveillance. Le recours aux agents de sécurité est en forte hausse depuis deux ans. "Cela participe à un mouvement global", explique le directeur du syndicat. "Nous n’avons pas le décompte précis des tâches auxquelles ils sont assignés mais que ce soit pour lutter contre les vols ou pour assurer la sécurité en lien avec Vigipirate, les entreprises sont en demande constante." La vidéosurveillance est devenue la norme. Dans certaines usines ou plateforme de stockage, des "robots" équipés de détecteurs de mouvement circulent également entre les allées.

Pour évaluer leurs besoins, de plus en plus d’entreprises procèdent à des audits de sécurité afin de déceler toutes les failles en la matière. Tout est passé au crible : le positionnement des caméras, le nombre d’agents de sécurité nécessaires mais également d’éventuelles anomalies. "Ils vont par exemple vérifier qu’une porte blindée n’est pas installée sur un mur en préfabriqué. Ça arrive plus souvent qu’on ne le croit !", assure Jean-Pierre Diot, vice-président de la Fédération française de la protection rapprochée.  

Il ne faut pas que les malfrats puissent connaître nos habitudes

Autre chaînon sensible : le transport. Les camions sont parfois attaqués sur les aires d’autoroute ou à leur sortie d’usine. A l’instar de ce camion rempli d’Iphone 7 braqué en septembre à la sortie d’un entrepôt, dans le Rhône. Les entreprises acheminant des produits de luxe poussent de plus en plus souvent leurs chauffeurs à varier les trajets et leurs horaires. "Il ne faut pas que des malfrats puissent connaître les habitudes en matière de livraison même si certains points de passage, comme la sortie de l’usine sont impossible à éviter."

Le problème des fuites. Malgré toutes les précautions, il est un risque contre lequel les entreprises peinent à lutter : les fuites de l’intérieur. "Dans ce type de braquage, on peut décemment penser que les braqueurs ont bénéficié d’informations : où était rangée la marchandise, quels produits transitaient, quel était le dispositif en place…", assure Jean-Pierre Tripet. Les informateurs sont parfois des salariés en place ou anciens de la maison à qui les malfrats "graissent" la patte. Parfois, ce sont des employés bernés que l’on pousse à parler sans qu’ils ne se rendent compte de l’importance des informations délivrées.

On ne peut pas vérifier le passé et les connexions de chaque employé

Hormis quelques rares cas, les ressources humaines ne procèdent pas à des enquêtes poussées sur leurs nouveaux employés ou leur entourage. "C’est impossible, on ne peut pas vérifier le passé et les connexions de chaque employé sur toute la chaîne de production et d’acheminement", poursuit l’expert. D’autant que sur certaines plateformes, le recours à l’intérim ou les missions courtes sont la norme.

Toutes ces mesures de protection représentent un coût pour l’entreprise. "Ce risque est évalué par les experts et a une incidence sur son prix", affirme Jean-Pierre Tripet. Car toutes les entreprises le savent : quels que soient les moyens mis en œuvre pour limiter les vols, le risque zéro n’existe pas.