Coco, dessinatrice de Charlie Hebdo : "Il ne faut pas cacher la merde aux chats"

© JOEL SAGET / AFP
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A.D.
Fidèle à son travail dans "Charlie", la dessinatrice estime toujours qu'il faut pouvoir montrer, s'exprimer et rire de ce qui est tabou.
INTERVIEW

Elle est connue pour ses dessins dans Charlie Hebdo, et aussi et peut-être surtout, à son corps défendant, parce que c'est elle qui a dû faire le code d'entrée de l'immeuble de Charlie aux frères Kouachi le 7 janvier 2015. L'illustratrice Coco était l'invité de Philippe Vandel, dimanche, dans l'émission Ceci dit, alors que sort une version d'Antigone illustrée par ses soins.

"On doit pouvoir parler, s'exprimer". Une polémique a rattrapé la dessinatrice pendant l'été. L'agitation est venue d'un de ses dessins qui faisait suite à l’attentat terroriste de Barcelone où une camionnette en fuite laissait derrière elle des corps ensanglantés avec cette légende : "Islam, religion de paix éternelle". Coco a dû répondre d'accusations d’islamophobie.

Au micro d'Europe 1, elle a de nouveau exprimé son point de vue : "Je suis toujours un peu désappointée que sur des sujets crispants mais néanmoins vitaux, on traite automatiquement de 'truc-phobe, islamophobe', c’est devenu les nouveaux mots à la mode. Je pense que pour des sujets aussi cruciaux que la religion, on doit pouvoir parler, s’exprimer. On ne critique pas des individus, on critique des dogmes. Ces dogmes, des personnes très mal intentionnées s’en emparent. On en a fait les frais nous-mêmes, beaucoup d’autres encore aujourd’hui. Je pense qu’il ne faut pas cacher la merde aux chats."

Entendu sur europe1 :
Je pense que pour des sujets aussi cruciaux que la religion, on doit pouvoir parler, s’exprimer. On ne critique pas des individus, on critique des dogmes.

"Il faut briser le tabou et en rire". Certes, Coco dit comprendre qu'on puisse être dépassé par des dessins. Mais elle rétorque également qu'ils "ne sont pas faits forcément pour plaire mais aussi pour choquer, déranger". "Ceci dit, quand le dessin dérange vraiment, il suffit juste de ne pas le regarder et ensuite tout va bien, on peut ensuite reprendre le cours naturel de sa vie", dit-elle. "Nous, on n’est pas là pour se moquer des gens, pour rire du malheur des autres mais ceci dit, pour moi la mort, ça fait partie de la vie, à un moment donné, il faut pouvoir briser un peu le tabou et en rire aussi."

Le terrorisme trouve aussi un écho dans son actualité d'illustratrice d'Antigone, pièce écrite il y a 25 siècles (en 440 av J.C.) par Sophocle dans laquelle apparaît cette phrase : "Nul n’est assez insensé pour désirer mourir." Après un bref moment de silence, elle acquiesce : "C’est très contemporain, très violent. Ça reflète un peu la violence d’aujourd’hui, c’est évident."