Christophe Robert (Fondation Abbé Pierre) : "Il ne faut pas s’habituer à voir la misère"

Christophe Robert, Fondation Abbé Pierre, Europe 1, 1280
Christophe Robert s'inquiète de constater "qu'il y a encore des gens qui vivent dans les mêmes conditions que celles que dénonçait l'Abbé Pierre" en 1954. © Europe 1
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G.D. , modifié à
En cette journée mondiale du refus de la misère, Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, estime que "le problème est encore bien présent".
INTERVIEW

Le 1er février 1954, l'Abbé Pierre lançait un appel pour venir en aide aux sans-abri. "L'Abbé Pierre, jusqu'au bout, n'a jamais renoncé. Il ne faut pas s'habituer à voir la misère, à voir des pauvres, à voir des personnes à la rue", lâche Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, dans l'émission Hondelatte raconte, mardi sur Europe 1.

"Une responsabilité collective." Plus de 60 ans après l'appel de l'Abbé Pierre, "le problème est encore bien présent" : "On peut toujours discuter des premiers de cordée, de la répartition des richesses, de la fiscalité (...) mais au fond, on a une responsabilité collective de ne pas laisser les gens crever dans la rue." "Il ne faut pas oublier que l'on a affaire à des gens qui sont dans une situation d'extrême précarité et que ça ne peut pas être accepté par quiconque", lance-t-il.

Aujourd'hui, en France, on recense neuf millions de pauvres, dont trois millions d'enfants. "Si on regarde pour les ménages, en moyenne, la situation s'est plutôt améliorée" par rapport à celle de 1954. Mais, "là où c'est extrêmement préoccupant, c'est qu'il y a encore des gens qui vivent dans les mêmes conditions que celles que dénonçait l'Abbé Pierre" à l'époque.

Un déjeuner autour d'Emmanuel Macron. "L'Etat a une responsabilité majeure, juge Christophe Robert, mais la responsabilité collective est aussi engagée." En cette journée mondiale du refus de la misère, un déjeuner a donc été organisé autour du président Emmanuel Macron avec une quarantaine d'acteurs de la lutte contre la pauvreté et quatre ministres : Agnès Buzyn (Santé et Solidarités), Muriel Pénicaud (Travail), Jean-Michel Blanquer (Education) et Marlène Schiappa (Egalité femmes-hommes).

Christophe Robert a assisté à ce déjeuner : "On a dit au président de la République : 'Il faut beaucoup d'ambition et de la cohérence ! Ne pensez pas que l'on peut faire juste une politique dédiée aux pauvres et ne pas jouer sur les instruments majeurs de la solidarité.'" Ces instruments majeurs sont "la fiscalité, le budget, l'implication de tous".

"On ne peut pas attendre !" Et une première réponse a été apportée par le gouvernement, avec le lancement d'une concertation de six mois sur la lutte contre la pauvreté. "On ne peut pas attendre ! Il y a des gens qui ne peuvent pas attendre, qui dorment dans la rue aujourd'hui", répond Christophe Robert qui s'autorise un espoir, sous forme de plaisanterie : "Le ministre du Logement a fini par mettre dix milliards, l'Abbé Pierre en demandait un. Alors je me dis qu'on va en demander dix, on aura peut-être cent."