Christophe Guilluy : avec les "gilets jaunes", "on ne parle pas d'un phénomène conjoncturel"

Christophe Guilluy, Europe 1, 1280
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Grégoire Duhourcau
Le géographe Christophe Guilluy estime au micro de Nikos Aliagas sur Europe 1, que le modèle économique occidental a provoqué une fracture sociale avec "un monde d'en haut qui ne parle plus au monde du bas".
INTERVIEW

Les "gilets jaunes" ont été 290.000 à bloquer les routes de France samedi, puis 46.000 dimanche et le mouvement se poursuit lundi. Une façon pour eux de faire entendre leur colère face à l'envolée des prix à la pompe. Mais au-delà de cette revendication, "ce qu'il s'est passé ce week-end, c'est ce qu'il se passe depuis dix, vingt, trente ans, c'est-à-dire un très fort délitement de ce que l'on appelait la classe moyenne, ou plutôt de son socle", explique Christophe Guilluy, géographe et auteur de No society - la fin de la classe moyenne occidentale (Flammarion), au micro de Nikos Aliagas sur Europe 1.

"Un problème culturel que l'on va retrouver dans toutes les sociétés occidentales." "Attention, on ne parle pas d'un phénomène conjoncturel. On est sur du temps long", prévient-il, soulignant "un problème culturel (...) que l’on va retrouver dans toutes les sociétés occidentales". Christophe Guilluy l'explique par "un modèle économique qui tend à polariser". "En Occident, nous n’avons plus besoin de ces catégories (la classe moyenne, ndlr) pour faire tourner la boutique."

"La classe moyenne, c’est la majorité de la population", rappelle-t-il. Et "si vous n’intégrez pas ce qui représente la majorité des gens qui vivent dans ce pays, forcément, il y a un problème". D'après Christophe Guilluy, "nous sommes tous responsables" de cette fracture sociale.

>> De 7h à 9h, c’est deux heures d’info avec Nikos Aliagas sur Europe 1. Retrouvez le replay ici

"Un monde d'en haut qui ne parle plus au monde d'en bas." Il appelle notamment à "réécrire l'offre politique" car les partis politiques actuels "ont été créés pour une classe moyenne qui n'existe plus". Cela amène à ce que l'on constate aujourd'hui, à savoir "un monde d'en haut qui ne parle plus au monde d'en bas".